ous avez
quitte l'armee, et que vous etes venu a Paris?
-- Uniquement pour avoir cet honneur, milord; et j'espere que vous
devinerez la cause de mon empressement, et m'epargnerez toute
explication.
-- Monsieur, dit sir John, a partir de ce moment, je me tiens a
votre disposition.
-- A quelle heure deux de mes amis pourront-ils se presenter chez
vous demain, milord?
-- Mais depuis sept heures du matin jusqu'a minuit, monsieur; a
moins que vous n'aimiez mieux que ce soit tout de suite?
-- Non, milord; j'arrive a l'instant meme, et il me faut le temps
de trouver ces deux amis et de leur donner mes instructions. Ils
ne vous derangeront donc, selon toute probabilite, que demain de
onze heures a midi; seulement, je vous serais bien oblige si
l'affaire que nous avons a regler par leur intermediaire pouvait
se regler dans la meme journee.
-- Je crois la chose possible, monsieur, et, du moment ou il
s'agit de satisfaire votre desir, le retard ne viendra pas de mon
cote.
-- Voila tout ce que je desirais savoir, milord; je serais donc
desole de vous deranger plus longtemps.
Et Roland salua.
Sir John lui rendit son salut; et, tandis que le jeune homme
s'eloignait, il rentra au balcon et alla reprendre sa place.
Toutes les paroles echangees l'avaient ete, de part et d'autre,
d'une voix si contenue et avec un visage si impassible, que les
personnes les plus proches ne pouvaient pas meme se douter qu'il y
eut eu la moindre discussion entre deux interlocuteurs qui
venaient de se saluer si courtoisement.
C'etait le jour de reception du ministre de la guerre; Roland
rentra a son hotel, fit disparaitre jusqu'a la derniere trace du
voyage qu'il venait de faire, monta en voiture, et, a dix heures
moins quelques minutes, put encore se faire annoncer chez le
citoyen Carnot.
Deux motifs l'y conduisaient: le premier etait une communication
verbale qu'il avait a faire au ministre de la guerre de la part du
premier consul; le second, l'espoir de trouver dans son salon les
deux temoins dont il avait besoin pour regler sa rencontre avec
sir John.
Tout se passa comme Roland l'avait espere; le ministre de la
guerre eut par lui les details les plus precis sur le passage du
Saint-Bernard et la situation de l'armee, et il trouva dans les
salons ministeriels les deux amis qu'il y venait chercher.
Quelques mots suffirent pour les mettre au courant; les
militaires, d'ailleurs, sont coulants sur ces sortes de
confidences
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