que lord Tanlay n'etait pas homme a le laisser operer seul. Il
avait une revanche a prendre avec les compagnons de Jehu; il
voudrait accompagner Roland dans l'expedition, quelle qu'elle fut.
L'expedition, quelle qu'elle fut, serait dangereuse, et il
pourrait lui arriver malheur.
La chance qui accompagnait Roland -- et Roland l'avait eprouve --
ne s'etendait point a ses amis; sir John, grievement blesse, en
etait revenu a grand-peine; le chef de brigade des chasseurs avait
ete tue roide.
Il laissa donc sir John s'eloigner sans donner signe d'existence.
Quant a Charlotte, elle ne parut nullement etonnee que Michel
n'eut point ete la pour ouvrir; on etait evidemment habitue a ses
absences, et ces absences ne preoccupaient ni la femme de chambre
ni sa maitresse.
Au reste, Roland s'expliqua cette espece d'insouciance; Amelie,
faible devant une douleur morale, inconnue a Roland, qui
attribuait a de simples crises nerveuses les variations de
caractere de sa soeur, Amelie eut ete grande et forte devant un
danger reel.
De la sans doute venait le peu de crainte que les deux jeunes
filles avaient a rester seules dans un chateau isole, et sans
autres gardiens que deux hommes qui passaient leurs nuits a
braconner.
Quant a nous, nous savons comment Michel et son fils, en
s'eloignant, servaient les desirs d'Amelie bien mieux qu'en
restant au chateau; leur absence faisait le chemin libre a Morgan,
et c'etait tout ce que demandait Amelie.
La soiree et une partie de la nuit s'ecoulerent sans que Roland
eut aucune nouvelle.
Il essaya de dormir, mais dormit mal; il croyait, a chaque
instant, entendre rouvrir la porte.
Le jour commencait en realite de percer a travers les volets
lorsque la porte s'ouvrit.
C'etaient Michel et Jacques qui rentraient.
Voici ce qui s'etait passe.
Chacun s'etait rendu a son poste: Michel a la porte de l'auberge,
Jacques a la patte-d'oie.
A vingt pas de l'auberge, Michel avait trouve Pierre; en trois
mots, il s'etait assure que M. de Valensolle etait toujours a
l'auberge; celui-ci avait annonce qu'ayant une longue route a
faire, il laisserait reposer son cheval et ne partirait que dans
la nuit.
Pierre ne doutait point que le voyageur ne partit pour Geneve,
comme il l'avait dit.
Michel proposa a Pierre de boire un verre de vin; s'il manquait
l'affut du soir, il lui resterait l'affut du matin.
Pierre accepta. Des lors Michel etait bien sur d'etre prevenu;
Pierre etait garc
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