u chemin.
Aussi Michel ne s'inquieta-t-il point de la trace du cheval;
c'etait chose inutile, c'etait du temps perdu.
Il s'occupa de savoir ce qu'avait fait Jacques.
Son coup d'oeil de braconnier le mit bientot sur la voie.
Jacques avait stationne au pied d'un arbre; combien de temps? Cela
etait difficile a dire, assez longtemps, en tout cas, pour avoir
froid: la neige etait battue par ses gros souliers de chasse.
Il avait essaye de se rechauffer en marchant de long en large.
Puis, tout a coup, il s'etait souvenu qu'il y avait, de l'autre
cote de la route, une de ces petites huttes baties avec de la
terre, ou les cantonniers vont chercher un abri contre la pluie.
Il avait descendu le fosse, avait traverse le chemin; on pouvait
suivre sur les bas cotes la trace perdue un instant sur le milieu
de la route.
Cette trace formait une diagonale allant droit a la hutte.
Il etait evident que c'etait dans cette hutte que Jacques avait
passe la nuit.
Maintenant, depuis quand en etait-il sorti? et pourquoi en etait-
il sorti?
Depuis quand il en etait sorti? La chose n'etait guere
appreciable, tandis qu'au contraire le piqueur le plus malhabile
eut reconnu pourquoi il en etait sorti.
Il en etait sorti pour suivre M. de Valensolle.
Le meme pas qui avait abouti a la hutte en sortait et s'eloignait
dans la direction de Ceyzeriat.
Le cavalier avait donc bien reellement pris la route de Geneve: le
pas de Jacques le disait clairement.
Ce pas etait allonge comme celui d'un homme qui court, et il
suivait, en dehors du fosse, du cote des champs, la ligne d'arbres
qui pouvait le derober a la vue du voyageur.
En face d'une auberge borgne, d'une de ces auberges au-dessus de
la porte cochere desquelles sont ecrits ces mots: _Ici on donne a
boire et a manger, loge a pied et a cheval, _les pas s'arretaient.
Il etait evident que le voyageur avait fait halte dans cette
auberge, puisque a vingt pas de la Jacques avait fait lui-meme
halte derriere un arbre.
Seulement, au bout d'un instant, probablement quand la porte
s'etait refermee sur le cavalier et le cheval, Jacques avait
quitte son arbre, avait traverse la route, cette fois avec
hesitation, et a petits pas, et s'etait dirige non point vers la
porte, mais vers la fenetre.
Michel emboita son pas dans celui de son fils, et arriva a la
fenetre; a travers le volet mal joint, on pouvait, quand
l'interieur etait eclaire, voir dans l'interieur; mais alors
l'
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