on d'ecurie: rien ne pouvait se faire, dans le
departement dont il etait charge, sans qu'il en eut avis.
Cet avis, un gamin attache a l'hotel promit de le lui donner, et
recut en recompense, de Michel, trois charges de poudre pour faire
des fusees.
A minuit, le voyageur n'etait pas encore parti; on avait bu quatre
bouteilles de vin, mais Michel s'etait menage: sur ces quatre
bouteilles, il avait trouve moyen d'en vider trois dans le verre
de Pierre, ou, bien entendu, elles n'etaient pas restees.
A minuit, Pierre rentra pour s'informer; mais alors qu'allait
faire Michel? le cabaret fermait, et Michel avait encore quatre
heures a attendre jusqu'a l'affut du matin.
Pierre offrit a Michel un lit de paille dans l'ecurie; il aurait
chaud et serait doucement couche.
Michel accepta.
Les deux amis entrerent par la grande porte, bras dessus, bras
dessous; Pierre trebuchait, Michel faisait semblant de trebucher.
A trois heures du matin, le domestique de l'hotel appela Pierre.
Le voyageur voulait partir.
Michel pretexta que l'heure de l'affut etait arrivee, et se leva.
Sa toilette n'etait pas longue a faire: il s'agissait de secouer
la paille qui pouvait s'etre attachee a sa blouse, a son carnier
ou a ses cheveux.
Apres quoi, Michel prit conge de son ami Pierre et alla
s'embusquer au coin d'une rue.
Un quart d'heure apres, la porte s'ouvrit, un cavalier sortit de
l'hotel: le cheval de ce cavalier marchait l'amble.
C'etait bien M. de Valensolle.
Il prenait les rues qui conduisaient a la route de Geneve.
Michel le suivait sans affectation, en sifflant un air de chasse.
Seulement, Michel ne pouvait courir, il eut ete remarque; il
resulta de cette difficulte qu'en un instant il eut perdu de vue
M. de Valensolle.
Restait Jacques, qui devait attendre le jeune homme a la patte-
d'oie.
Mais Jacques etait a la patte-d'oie depuis plus de six heures, par
une nuit d'hiver, avec un froid de cinq ou six degres!
Jacques avait-il eu le courage de rester six heures les pieds dans
la neige, a battre la semelle contre les arbres de la route?
Michel prit au galop par les rues et ruelles, raccourcissant le
chemin; mais cheval et cavalier, quelque hate qu'il y eut mise,
avaient ete plus vite que lui.
Il arriva a la patte-d'oie.
La route etait solitaire.
La neige, foulee pendant toute la journee de la veille, qui etait
un dimanche, ne permettait pas de suivre la trace du cheval,
perdue dans la boue d
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