ait evident qu'un des compagnons de Jehu s'etait arrete la.
Roland, en se rendant chez le maire, en exhibant ses pouvoirs, en
requerant la gendarmerie, pouvait le faire arreter a l'instant
meme.
Mais ce n'etait point la son but, ce n'etait point un individu
isole qu'il voulait arreter: c'etait toute la troupe qu'il tenait
a prendre d'un coup de filet.
Il grava dans son souvenir le n deg. 67 et continua son chemin.
Il traversa toute la ville, fit une centaine de pas au-dela de la
derniere maison sans revoir aucune trace.
Il allait retourner sur ses pas; mais il songea que ces traces, si
elles devaient reparaitre, reparaitraient a la tete du pont
seulement.
En effet, a la tete du pont, il reconnut la piste de ses trois
chevaux. C'etaient bien les memes: un des chevaux marchait
l'amble.
Roland galopa sur la voie meme de ceux qu'il poursuivait. En
arrivant a Monceaux, meme precaution; les trois cavaliers avaient
tourne le village; mais Roland etait trop bon limier pour
s'inquieter de cela; il suivit son chemin, et, a l'autre bout de
Monceaux il retrouva les traces des fugitifs.
Un peu avant Chatillon, un des trois chevaux quittait la route,
prenait a droite, et se dirigeait vers un petit chateau situe sur
une colline, a quelques de la route de Chatillon a Trevoux.
Cette fois, les cavaliers restants, croyant avoir assez fait pour
depister ceux qui auraient eu envie de les suivre, avaient
tranquillement traverse Chatillon et pris la route de Neuville.
La direction suivie par les fugitifs rejouissait fort Roland; ils
se rendaient evidemment a Bourg: s'ils ne s'y fussent pas rendus,
ils eussent pris la route de Marlieux.
Or, Bourg etait le quartier general qu'avait choisi lui-meme
Roland pour en faire le centre de ses operations; Bourg, c'etait
sa ville a lui, et, avec cette surete des souvenirs de l'enfance,
il connaissait jusqu'au moindre buisson, jusqu'a la moindre
masure, jusqu'a la moindre grotte des environs.
A Neuville, les fugitifs avaient tourne le village.
Roland ne s'inquieta pas de cette ruse deja connue et eventee:
seulement, de l'autre cote de Neuville, il ne retrouva plus que la
trace d'un seul cheval.
Mais il n'y avait pas a s'y tromper: c'etait celui qui marchait
l'amble.
Sur de retrouver la trace qu'il abandonnait pour un instant,
Roland remonta la piste.
Les deux amis s'etaient separes a la route de Vannas; l'un l'avait
suivie, l'autre avait contourne le village, et, com
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