y avait point a
repliquer.
On ramassa le chevreuil, on le mit en croupe derriere Roland, et
les deux hommes, prenant le grand trot, suivirent le petit trot du
cheval.
Il restait a peine un quart de lieue a faire.
Il se fit en dix minutes.
A cent pas du chateau, Roland s'arreta.
Les deux hommes furent envoyes en eclaireurs, pour s'assurer que
tout etait calme.
L'exploration achevee, ils firent signe a Roland de venir.
Roland vint, descendit de cheval, trouva la porte du pavillon
ouverte et entra.
Michel conduisit le cheval a l'ecurie et porta le chevreuil a
l'office; car Michel appartenait a cette honorable classe de
braconniers qui tuent le gibier pour le plaisir de le tuer, et non
pour l'interet de le vendre.
Il ne fallait s'inquieter ni du cheval ni du chevreuil; Amelie ne
se preoccupait pas plus de ce qui se passait a l'ecurie que de ce
qu'on lui servait a table.
Pendant ce temps, Jacques allumait du feu.
En revenant, Michel apporta un reste de gigot et une demi-douzaine
d'oeufs destines a faire une omelette; Jacques prepara un lit dans
un cabinet.
Roland se rechauffa et soupa sans prononcer une parole.
Les deux hommes le regardaient avec un etonnement qui n'etait
point exempt d'une certaine inquietude.
Le bruit de l'expedition de Seillon s'etait repandu, et l'on
disait tout bas que c'etait Roland qui l'avait dirigee.
Il etait evident qu'il revenait pour quelque expedition du meme
genre.
Lorsque Roland eut soupe, il releva la tete et appela Michel.
-- Ah! tu etais la? fit Roland.
-- J'attendais les ordres de monsieur.
-- Voici mes ordres; ecoute-moi bien.
-- Je suis tout oreilles.
-- Il s'agit de vie et de mort; il s'agit de plus encore: il
s'agit de mon honneur.
-- Parlez, monsieur Roland.
Roland tira sa montre.
-- Il est cinq heures. A l'ouverture de l'auberge de la _Belle-
Alliance, _tu seras la comme si tu passais, tu t'arreteras a
causer avec celui qui t'ouvrira.
-- Ce sera probablement Pierre.
-- Pierre ou un autre, tu sauras de lui quel est le voyageur qui
est arrive chez son maitre sur un cheval marchant l'amble; tu sais
ce que c'est, l'amble?
-- Parbleu! c'est un cheval qui marche comme les ours, les deux
jambes du meme cote a la fois.
-- Bravo... Tu pourras bien savoir aussi, n'est-ce pas, si le
voyageur est dispose a partir ce matin, ou s'il parait devoir
passer la journee a l'hotel?
-- Pour sur je le saurai.
-- Eh bien, quand tu s
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