serra les genoux.
L'indication etait suffisante. L'animal partit au galop.
Montbar traversa les villages de Varennes et de la Creche et la
Chapelle-de-Guinchay, et ne s'arreta qu'a la Maison-Blanche.
Le lieu etait bien tel que l'avait dit Valensolle, et merveilleu-
sement choisi pour une embuscade.
La Maison-Blanche etait situee au fond d'une petite vallee, entre
une descente et une montee; a l'angle de son jardin passait un
petit ruisseau sans nom qui allait se jeter dans la Saone a la
hauteur de Challe.
Des arbres touffus et eleves suivaient le cours de la riviere et,
decrivant un demi-cercle, enveloppaient la maison.
Quant a la maison elle-meme, apres avoir ete autrefois une auberge
dont l'aubergiste n'avait pas fait ses affaires, elle etait fermee
depuis sept ou huit ans, et commencait a tomber en ruine.
Avant d'y arriver, en venant de Macon, la route faisait un coude.
Montbar examina les localites avec le soin d'un ingenieur charge
de choisir le terrain d'un champ de bataille, tira un crayon et un
portefeuille de sa poche et traca un plan exact de la position.
Puis il revint a Macon.
Deux heures apres, le palefrenier partait, portant le plan a
Morgan et laissant a son maitre le nom du postillon qui devait
conduire la malle; il s'appelait Antoine. Le palefrenier avait, en
outre, achete les quatre pitons et les deux cadenas.
Montbar fit monter une bouteille de vieux bourgogne et demanda
Antoine.
Dix minutes apres, Antoine entrait.
C'etait un grand et beau garcon de vingt-cinq a vingt-six ans, de
la taille a peu pres de Montbar, ce que celui-ci, apres l'avoir
toise des pieds a la tete, avait remarque avec satisfaction.
Le postillon s'arreta sur le seuil de la porte, et, mettant la
main a son chapeau a la maniere des militaires:
-- Le citoyen m'a fait demander? dit-il.
-- C'est bien vous qu'on appelle Antoine? fit Montbar.
-- Pour vous servir, si j'en etais capable, vous et votre
compagnie.
-- Eh bien, oui, mon ami, tu peux me servir... Ferme donc la porte
et viens ici.
Antoine ferma la porte, s'approcha jusqu'a distance de deux pas de
Montbar, et, portant de nouveau la main a son chapeau:
-- Voila, notre maitre.
-- D'abord, dit Montbar, si tu n'y vois point d'inconvenient, nous
allons boire un verre de vin a la sante de ta maitresse.
-- Oh! oh! de ma maitresse! fit Antoine, est-ce que les gens comme
nous ont des maitresses? C'est bon pour des seigneurs comme vous
d'
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