saison rendait a peu pres necessaire.
Cette toilette achevee, Antoine rentra lestement dans l'ecurie, ou
il se dissimula dans le coin le plus obscur.
Quant a celui auquel il venait de ceder sa place, rassure sans
doute par la hauteur du col de la houppelande, qui lui cachait la
moitie du visage, il alla droit aux trois chevaux harnaches
d'avance par Antoine, glissa une paire de pistolets a deux coups
dans les arcons, et, profitant de l'isolement ou etait la malle-
poste par le detellement des chevaux et l'eloignement du postillon
de Tournus, il planta, a l'aide d'un poincon aigu qui pouvait a la
rigueur devenir un poignard, ses quatre pitons dans le bois de la
malle-poste, c'est-a-dire a chaque portiere, et les deux autres en
regard dans le bois de la caisse.
Apres quoi, il se mit a atteler les chevaux avec une promptitude
et une adresse qui indiquaient un homme familiarise depuis son
enfance avec tous les details de l'art pousse si loin de nos jours
par cette honorable classe de la societe que nous appelons les
_gentilshommes riders._
Cela fait, il attendit, calmant ses chevaux impatients a l'aide de
la parole et du fouet, savamment combines, ou employes chacun a
son tour.
On connait la rapidite avec laquelle s'executaient les repas des
malheureux condamnes au regime de la malle-poste; la demi-heure
n'etait donc pas ecoulee, qu'on entendit la voix du conducteur qui
criait:
-- Allons, citoyens voyageurs, en voiture.
Montbar se tint pres de la portiere, et, malgre leur deguisement,
reconnut parfaitement Roland et le chef de brigade du 7e
chasseurs, qui monterent et prirent place dans l'interieur sans
faire attention au postillon.
Celui-ci referma sur eux la portiere, passa le cadenas dans les
deux pitons et donna un tour de clef.
Puis, contournant la malle, il fit semblant de laisser tomber son
fouet devant l'autre portiere, passa, en se baissant, le second
cadenas dans les autres pitons, lui donna un tour de clef en se
relevant et, sur que les deux officiers etaient bien verrouilles,
il enfourcha son cheval en gourmandant le conducteur, qui lui
laissait faire sa besogne.
En effet, le voyageur du coupe etait deja a sa place, que le
conducteur debattait encore un reste de compte avec l'hote.
-- Est-ce pour ce soir, pour cette nuit, ou pour demain matin,
pere Francois? cria le faux postillon en imitant de son mieux la
voix du vrai.
-- C'est bon, c'est bon, on y va, repondit le conducteur.
Pu
|