iers mots
ecrits.
-- Eh bien, c'est tout, dit Bonaparte.
-- Ajouterai-je, les mots sacramentels: "Vive la Republique?"
-- Pourquoi demandez-vous cela?
-- C'est que nous n'avons pas fait de proclamation depuis quatre
mois, et que quelque chose pourrait etre change aux formules
ordinaires.
-- La proclamation est bien telle qu'elle est, dit Bonaparte; n'y
ajoutez rien.
Et, prenant une plume, il ecrasa plutot qu'il n'ecrivit sa
signature au bas de la proclamation.
Puis, la rendant a Bourrienne:
-- Que cela paraisse demain dans le Mo_niteur, _dit-il.
Bourrienne sortit, emportant la proclamation.
Bonaparte, reste avec lord Tanlay, se promena un instant de long
en large, comme s'il eut oublie sa presence; mais, tout a coup,
s'arretant devant lui:
-- Milord, dit-il, croyez-vous avoir obtenu de votre oncle tout ce
qu'un autre a votre place eut pu obtenir?
-- Davantage, citoyen premier consul.
-- Davantage! davantage!... qu'avez-vous donc obtenu?
-- Je crois que le citoyen premier consul n'a pas lu la note
royale avec toute l'attention qu'elle merite.
-- Bon! fit Bonaparte, je la sais par coeur.
-- Alors le citoyen premier consul n'a pas pese l'esprit de
certain paragraphe, n'en a pas pese les mots.
-- Vous croyez?
-- J'en suis sur... et, si le citoyen premier consul me permettait
de lui lire le paragraphe auquel je fais allusion...
Bonaparte desserra la main dans laquelle etait la note froissee,
la deplia et la remit a lord Tanlay, en lui disant:
-- Lisez.
Sir John jeta les yeux sur la note, qui lui paraissait familiere,
s'arreta au dixieme paragraphe et lut:
-- "Le meilleur et le plus sur gage de la realite de la paix,
ainsi que de sa duree, serait la restauration de cette lignee de
princes qui, pendant tant de siecles, ont conserve a la nation
francaise la prosperite au dedans, la consideration et le respect
au dehors. Un tel evenement aurait ecarte, et dans tous les temps
ecartera les obstacles qui se trouvent sur la voie des
negociations et de la paix; il confirmerait a la France la
jouissance tranquille de son ancien territoire, et procurerait a
toutes les autres nations de l'Europe, par la tranquillite et la
paix, cette securite qu'elles sont obligees maintenant de chercher
par d'autres moyens."
-- Eh bien, fit Bonaparte impatient, j'avais tres bien lu, et
parfaitement compris. Soyez Monk, ayez travaille pour un autre, et
l'on vous pardonnera vos victoires, votre ren
|