r les cendres de Washington, de ce heros qui affranchit
l'Amerique du joug des ennemis les plus implacables de notre
liberte, et que son ombre illustre nous montre au-dela du tombeau
la gloire qui accompagne la memoire des liberateurs de la patrie!"
Bonaparte descendit de son estrade, et, au nom de la France, fut
embrasse par Berthier.
M. de Fontanes, charge de prononcer l'eloge de Washington, laissa
courtoisement s'ecouler jusqu'a la derniere goutte le torrent
d'applaudissements qui semblait tomber par cascades de l'immense
amphitheatre.
Au milieu de ces glorieuses individualites, M. de Fontanes etait
une curiosite, moitie politique, moitie litteraire.
Apres le 18 fructidor, il avait ete proscrit avec Suard et
Laharpe; mais, parfaitement cache chez un de ses amis, ne sortant
que le soir, il avait trouve moyen de ne pas quitter Paris.
Un accident impossible a prevoir l'avait denonce.
Renverse sur la place du Carrousel par un cabriolet dont le cheval
s'etait emporte, il fut reconnu par un agent de police qui etait
accouru a son aide. Cependant Fouche, prevenu non seulement de sa
presence a Paris, mais encore de la retraite qu'il habitait, fit
semblant de ne rien savoir.
Quelques jours apres le 18 brumaire, Maret, qui fut depuis duc de
Bassano, Laplace, qui resta tout simplement un homme de science,
et Regnault de Saint-Jean d'Angely, qui mourut fou, parlerent au
premier consul de M. de Fontanes et de sa presence a Paris.
-- Presentez-le-moi, repondit simplement le premier consul.
M. de Fontanes fut presente a Bonaparte, qui, connaissant ce
caractere souple et cette eloquence adroitement louangeuse,
l'avait choisi pour faire l'eloge de Washington et peut-etre bien
un peu le sien en meme temps.
Le discours de M. de Fontanes fut trop long pour que nous le
rapportions ici; mais ce que nous pouvons dire, c'est qu'il fut
tel que le desirait Bonaparte.
Le soir, il y eut grande reception au Luxembourg. Pendant la
ceremonie, le bruit avait couru d'une installation probable du
premier consul aux Tuileries; les plus hardis ou les plus curieux
en hasarderent quelques mots a Josephine; mais la pauvre femme,
qui avait encore sous les yeux la charrette et l'echafaud de
Marie-Antoinette, repugnait instinctivement a tout ce qui la
pouvait rapprocher de la royaute; elle hesitait donc a repondre,
renvoyant les questionneurs a son mari.
Puis, il y avait une autre nouvelle qui commencait a circuler et
qui faisait
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