encore si
Roland etait brave, mais ils savaient qu'il etait leste.
Roland leur montra dans l'obscurite la porte sur laquelle ils
devaient se diriger; c'etait celle qui donnait du verger dans le
cloitre.
Puis il s'elanca le premier a travers les hautes herbes, le
premier poussa la porte, le premier se trouva dans le cloitre.
Tout etait obscur, muet, solitaire.
Roland, servant toujours de guide a ses hommes, gagna le
refectoire.
Partout la solitude, partout le silence.
Il s'engagea sous la voute oblique, et se retrouva dans le jardin
sans avoir effarouche d'autres etres vivants que les chats-huants
et les chauves-souris.
Restait a visiter la citerne, le caveau mortuaire et le pavillon
ou plutot la chapelle de la foret.
Roland traversa l'espace vide qui le separait de la citerne.
Arrive au bas des degres, il alluma trois torches, en garda une et
remit les deux autres, l'une aux mains d'un dragon, l'autre aux
mains d'un gendarme; puis il souleva la pierre qui masquait
l'escalier.
Les gendarmes qui suivaient Roland commencaient a croire qu'il
etait aussi brave que leste.
On franchit le couloir souterrain et l'on rencontra la premiere
grille; elle etait poussee, mais non fermee.
On entra dans le caveau funebre.
La, c'etait plus que la solitude, plus que le silence: c'etait la
mort.
Les plus braves sentirent un frisson passer dans la racine de
leurs cheveux.
Roland alla de tombe en tombe, sondant les sepulcres avec la
crosse du pistolet qu'il tenait a la main.
Tout resta muet.
On traversa le caveau funebre, on rencontra la seconde grille, on
penetra dans la chapelle.
Meme silence, meme solitude; tout etait abandonne, et, on eut pu
le croire, depuis des annees.
Roland alla droit au choeur; il retrouva le sang sur les dalles:
personne n'avait pris la peine de l'effacer.
La, on etait a bout de recherches et il fallait desesperer.
Roland, ne pouvait se decider a la retraite.
Il pensa que peut-etre n'avait-il pas ete attaque, a cause de sa
nombreuse escorte; il laissa dix hommes et une torche dans la
chapelle, les chargea de se mettre, par la fenetre ruinee, en
communication avec le capitaine de gendarmerie embusque dans la
foret, a quelques pas de cette fenetre, et, avec deux hommes,
revint, sur ses pas.
Cette fois, les deux hommes qui suivaient Roland le trouvaient
plus que brave, ils le trouvaient temeraire.
Mais Roland, ne s'inquietant pas meme s'il etait suivi, reprit sa
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