propre piste, a defaut de celle des bandits.
Les deux hommes eurent honte et le suivirent.
Decidement, la chartreuse etait abandonnee.
Arrive devant la grande porte, Roland appela le colonel de
dragons; le colonel et ses dix hommes etaient a leur poste.
Roland ouvrit la porte et fit sa jonction avec eux.
Ils n'avaient rien vu, rien entendu.
Ils rentrerent tous ensemble, refermant et barricadant la porte
derriere eux pour couper la retraite aux bandits, s'ils avaient le
bonheur d'en rencontrer.
Puis ils allerent rejoindre leurs compagnons, qui, de leur cote,
avaient rallie le capitaine de gendarmerie et ses huit hommes.
Tout cela les attendait dans le choeur.
Il fallait se decider a la retraite: deux heures du matin venaient
de sonner; depuis pres de trois heures, on etait en quete sans
avoir rien trouve.
Roland, rehabilite dans l'esprit des gendarmes et des dragons, qui
trouvaient que l'ex-novice ne boudait pas, donna, a son grand
regret, le signal de la retraite en ouvrant la porte de la
chapelle qui donnait sur la foret.
Cette fois, comme on n'esperait plus rencontrer personne, Roland
se contenta de la fermer derriere lui.
Puis, au pas accelere, la petite troupe reprit le chemin de Bourg.
Le capitaine de gendarmerie, ses dix-huit hommes et Roland
rentrerent a leur caserne apres s'etre fait reconnaitre de la
sentinelle.
Le colonel de dragons et ses douze hommes continuerent leur chemin
et rentrerent dans la ville.
C'etait ce cri de la sentinelle qui avait attire l'attention de
Morgan et de Valensolle; c'etait la rentree de ces dix-huit hommes
a la caserne qui avait interrompu leur repas; c'etait enfin cette
circonstance imprevue qui avait fait dire a Morgan: "Attention!"
En effet, dans la situation ou se trouvaient les deux jeunes gens,
tout meritait attention.
Aussi le repas fut-il interrompu, les machoires cesserent-elles de
fonctionner pour laisser les yeux et les oreilles remplir leur
office dans toute son etendue.
On vit bientot que les yeux seuls seraient occupes.
Chaque gendarme regagna sa chambre sans lumiere; rien n'attira
donc l'attention des deux jeunes gens sur les nombreuses fenetres
de la caserne, de sorte qu'elle put se concentrer sur un seul
point.
Au milieu de toutes ces fenetres obscures, deux s'illuminerent;
elles etaient placees en retour relativement au reste du batiment,
et juste en face de celle, ou les deux amis prenaient leur repas.
Ces fenetres
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