tes leur fut donne pour guide, on leur avait
dit que, dans sa jeunesse, Roland avait ete novice a Seillon,
noviciat qui l'avait mis a meme de reconnaitre mieux que personne
les detours les plus mysterieux de la Chartreuse.
Le premier sentiment de ces braves militaires avait bien ete de se
trouver un peu humilies d'etre conduits par un ex-moine; mais, au
bout du compte, comme cet ex-moine portait le chapeau a trois
cornes d'une facon assez coquette, comme son allure etait celle
d'un homme qui, en portant l'uniforme, semblait avoir completement
oublie qu'il eut autrefois porte la robe, ils avaient fini par
prendre leur parti de cette humiliation, se reservant d'arreter
definitivement leur opinion sur le marechal des logis d'apres la
facon dont il manierait le mousquet qu'il portait au bras, les
pistolets qu'il portait a la ceinture, et le sabre qu'il portait
au cote.
On se munit de torches, et l'on se mit en route dans le plus
profond silence et en trois pelotons: l'un de huit hommes commande
par le capitaine de gendarmerie, l'autre de dix hommes commande
par le colonel, l'autre de douze commande par Roland.
En sortant de la ville, on se separa.
Le capitaine de gendarmerie, qui connaissait mieux les localites
que le colonel de dragons, se chargea de garder la fenetre de la
Correrie donnant sur le bois de Seillon; il avait avec lui huit
gendarmes.
Le colonel de dragons fut charge par Roland de garder la grande
porte d'entree de la Chartreuse. Il avait avec lui cinq dragons et
cinq gendarmes.
Roland se chargea de fouiller l'interieur; il avait avec lui cinq
gendarmes et sept dragons.
On donna une demi-heure a chacun pour etre a son poste. C'etait
plus qu'il ne fallait.
A onze heures et demie sonnantes a l'eglise de Peronnaz, Roland et
ses hommes devaient escalader le mur du verger.
Le capitaine de gendarmerie suivit la route de Pont-d'Ain jusqu'a
la lisiere de la foret, et, en cotoyant la lisiere, gagna le poste
qui lui etait indique.
Le colonel de dragons prit le chemin de traverse qui s'embranche
sur la route de Pont-d'Ain et qui mene a la grande porte de la
Chartreuse.
Enfin, Roland prit a travers terres, et gagna le mur du verger
qu'en d'autres circonstances il avait, on se le rappelle, deja
escalade deux fois.
A onze heures et demie sonnantes, il donna le signal a ses hommes
et escalada le mur du verger; gendarmes et dragons le suivirent.
Arrives de l'autre cote du mur, ils ne savaient pas
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