ci.
Mais Roland porta le comble a son etonnement en lui racontant ce
qui lui etait arrive, dans la chartreuse de Seillon, la nuit ou il
avait veille, et surtout ce qui etait arrive, dans la meme
chartreuse, a sir John pendant la nuit suivante.
Le capitaine avait bien su par la rumeur publique que l'hote de
madame de Montrevel avait recu un coup de poignard; mais, comme
personne n'avait porte plainte, il ne s'etait pas cru le droit de
percer l'obscurite dans laquelle il lui semblait que Roland
voulait laisser l'affaire ensevelie.
A cette epoque de trouble, la force armee avait des indulgences
qu'elle n'eut point eues en d'autres temps..
Quant a Roland, il n'avait rien dit, desirant se reserver la
satisfaction de poursuivre, en temps et lieu, les hotes de la
chartreuse, mystificateurs ou assassins.
Cette fois, il venait avec tous les moyens de mettre son dessein a
execution, et bien resolu a ne pas revenir pres du premier consul
sans l'avoir accompli.
D'ailleurs, c'etait la une de ces aventures comme les cherchait
Roland. N'y avait-il pas a la fois du danger et du pittoresque?
N'etait-ce point une occasion de jouer sa vie contre des gens qui,
ne menageant pas la leur, ne menageraient probablement pas la
sienne?
Roland etait loin d'attribuer a sa veritable cause, c'est-a-dire
la sauvegarde etendue sur lui par Morgan, le bonheur avec lequel
il s'etait tire du danger, la nuit ou il avait veille dans la
chartreuse et le jour ou il avait combattu contre Cadoudal.
Comment supposer qu'une simple croix avait ete faite au-dessus de
son nom, et qu'a deux cent cinquante lieues de distance ce signe
de la redemption l'avait protege aux deux bouts de la France?
Au reste, la premiere chose a faire etait d'envelopper la
chartreuse de Seillon et de la fouiller dans ses recoins les plus
secrets; ce que Roland se croyait parfaitement en etat de faire.
Seulement, la nuit etait trop avancee pour que cette expedition
put avoir lieu avant la nuit prochaine.
En attendant, Roland se cacherait dans la caserne de gendarmerie
et se tiendrait dans la chambre du capitaine, afin que personne ne
soupconnat a Bourg sa presence ni la cause qui l'amenait. Le
lendemain, il guiderait l'expedition.
Dans la journee du lendemain, un des gendarmes, qui etait
tailleur, lui confectionnerait un costume complet de marechal des
logis.
Il passerait pour etre attache a la brigade de Lons-le-Saulnier,
et, grace a cet uniforme, il pourra
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