compagnons de Jehu etaient trop aristocrates pour s'eclairer a une
autre lumiere que celle de la bougie --, se refletaient sur des
trophees d'armes de toute espece, parmi lesquelles les fusils a
deux coups et les pistolets tenaient le premier rang; des fleurets
et des masques d'armes etaient pendus dans les intervalles;
quelques instruments de musique etaient poses ca et la; enfin une
ou deux glaces dans leurs cadres dores indiquaient que la toilette
n'etait pas un de ces passe-temps les moins apprecies des etranges
habitants de cette demeure souterraine.
Tous paraissaient aussi tranquilles que si la nouvelle qui avait
tire Morgan des bras d'Amelie eut ete inconnue, ou regardee comme
sans importance.
Cependant, lorsque a l'approche du petit groupe venant du dehors,
ces mots: "Le capitaine! le capitaine!" se furent fait entendre,
tous se leverent, non pas avec la servilite des soldats qui voient
venir leur chef, mais avec la deference affectueuse de gens
intelligents et forts pour un plus fort et plus intelligent
qu'eux.
Morgan alors secoua la tete, releva le front, et, passant devant
Montbar, penetra au centre du cercle qui s'etait forme a sa vue.
-- Eh bien, amis, demanda-t-il, il parait qu'il y a des nouvelles?
-- Oui, capitaine, dit une voix; on assure que la police du
premier consul nous fait l'honneur de s'occuper de nous.
-- Ou est le messager? demanda Morgan.
-- Me voici, dit un jeune homme vetu de l'uniforme des courriers
de cabinet, et tout couvert encore de poussiere et de boue.
-- Avez-vous des depeches?
-- Ecrites, non; verbales, oui.
-- D'ou viennent-elles?
-- Du cabinet particulier du ministre.
-- Alors, on peut y croire?
-- Je vous en reponds; c'est tout ce qu'il y a de plus officiel.
-- Il est bon d'avoir des amis partout, fit Montbar en maniere de
parenthese.
-- Et surtout pres de M. Fouche, reprit Morgan; voyons les
nouvelles.
-- Dois-je les dire tout haut, ou a vous seul?
-- Comme je presume qu'elles nous interessent tous, dites-nous les
tout haut.
-- Eh bien, le premier consul a fait venir le citoyen Fouche au
palais du Luxembourg, et lui a lave la tete a notre endroit.
-- Bon! Apres?
-- Le citoyen Fouche a repondu que nous etions des droles fort
adroits, fort difficiles a joindre, plus difficiles encore a
prendre quand on nous avait rejoints. Bref, il a fait le plus
grand eloge de nous.
-- C'est bien aimable a lui. Apres?
-- Apres, le premier con
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