distingua Cadoudal, debout et immobile comme une statue equestre.
Il comprit que le chef royaliste l'attendait.
Il jeta un cri et piqua droit a lui.
De son cote, pour lui epargner une partie du chemin, Cadoudal mit
son cheval au galop.
Mais, a cent pas de Roland, il s'arreta.
-- Attention! dit-il a Branche-d'or et a ses hommes.
-- Soyez tranquille, general; on est la, dit Branche-d'or.
Cadoudal tira un pistolet de ses fontes et l'arma.
Roland avait mis le sabre a la main et chargeait couche sur le cou
de son cheval.
Lorsqu'il ne fut plus qu'a vingt pas de lui, Cadoudal leva
lentement la main dans la direction de Roland.
A dix pas, il fit feu.
Le cheval que montait Roland avait une etoile blanche au milieu du
front.
La balle frappa au milieu de l'etoile.
Le cheval, mortellement blesse, vint rouler avec son cavalier aux
pieds de Cadoudal.
Cadoudal mit les eperons au ventre de sa propre monture, et sauta
par-dessus cheval et cavalier.
Branche-d'or et ses hommes se tenaient prets. Ils bondirent comme
une troupe de jaguars sur Roland, engage sous le corps de son
cheval.
Le jeune homme lacha son sabre et voulut saisir ses pistolets;
mais, avant qu'il eut mis la main a ses fontes, deux hommes
s'etaient empares de chacun de ses bras, tandis que les quatre
autres lui tiraient le cheval d'entre les jambes.
La chose s'etait faite avec un tel ensemble, qu'il etait facile de
voir que c'etait une manoeuvre combinee d'avance.
Roland rugissait de rage.
Branche-d'or s'approcha de lui et mit le chapeau a la main.
-- Je ne me rends pas! cria Roland.
-- Il est inutile que vous vous rendiez, monsieur de Montrevel,
repondit Branche-d'or avec la plus grande politesse.
-- Et pourquoi cela? demanda Roland epuisant ses forces dans une
lutte aussi desesperee qu'inutile.
-- Parce que vous etes pris, monsieur.
La chose etait si parfaitement vraie, qu'il n'y avait rien a
repondre.
-- Eh bien, alors, tuez-moi! s'ecria Roland.
-- Nous ne voulons pas vous tuer, monsieur, repliqua Branche-d'or.
-- Alors, que voulez-vous?
-- Que vous nous donniez votre parole de ne plus prendre part au
combat; a ce prix, nous vous lachons, et vous etes libre.
-- Jamais! dit Roland.
-- Excusez-moi, monsieur de Montrevel, dit Branche-d'or, mais ce
que vous faites la n'est pas loyal.
-- Comment! s'ecria Roland au comble de la rage, pas loyal? Tu
m'insultes, miserable, parce que tu sais que je ne puis
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