suis perdu.
-- Pourquoi cela?
-- Le premier consul, il n'aime pas les Anglais.
-- Dites que les Anglais n'aiment pas le premier consul.
-- Mais qui parlera de mon desir au premier consul?
-- Moi.
-- Et vous parlerez de ce desir comme d'une chose qui vous est
agreable, a vous?
-- Je ferai de vous une colombe de paix entre les deux nations,
dit Roland en se levant.
-- Oh! merci, s'ecria sir John en saisissant la main du jeune
homme.
Puis, avec regret:
-- Et vous me quittez?
-- Cher ami, j'ai un conge de quelques heures: j'en ai donne une a
ma mere, deux a vous, j'en dois une a votre ami Edouard... Je vais
l'embrasser et recommander a ses maitres de le laisser se cogner
tout a son aise avec ses camarades; puis je rentre au Luxembourg.
-- Eh bien, portez-lui mes compliments, et dites-lui que je lui ai
commande une paire de pistolets, afin qu'il n'ait plus besoin,
quand il sera attaque par des brigands, de se servir des pistolets
du conducteur.
Roland regarda sir John.
-- Qu'est-ce encore? demanda-t-il.
-- Comment! vous ne savez pas?
-- Non; qu'est-ce que je ne sais pas?
-- Une chose qui a failli faire mourir de terreur notre pauvre
Amelie!
-- Quelle chose?
-- L'attaque de la diligence.
-- Mais quelle diligence?
-- Celle ou etait votre mere.
-- La diligence ou etait ma mere?
-- Oui.
-- La diligence ou etait ma mere a ete arretee?
-- Vous avez vu madame de Montrevel, et elle ne vous a rien dit?
-- Pas un mot de cela, du moins.
-- Eh bien, mon cher Edouard a ete un heros; comme personne ne se
defendait, lui s'est defendu. Il a pris les pistolets du
conducteur et a fait feu.
-- Brave enfant! s'ecria Roland.
-- Oui; mais par malheur, ou par bonheur, le conducteur avait eu
la precaution d'enlever les balles; Edouard a ete caresse par
MM. les Compagnons de Jehu, comme etant le brave des braves, mais
il n'a tue ni blesse personne.
-- Et vous etes sur de ce que vous me dites la?
-- Je vous repete que votre soeur a pense en mourir d'effroi.
-- C'est bien, dit Roland.
-- Quoi, c'est bien? fit sir John.
-- Oui... raison de plus pour que je voie Edouard.
-- Qu'avez-vous encore?
-- Un projet.
-- Vous m'en ferez part.
-- Ma foi, non; mes projets, a moi, ne tournent pas assez bien
pour vous.
-- Cependant vous comprenez, cher Roland, s'il y avait une
revanche a prendre?
-- Eh bien, je la prendrai pour nous deux; vous etes amoureux, mon
cher lord,
|