bientot la respiration du
general montra qu'il s'etait rendormi.
Pendant assez longtemps nous restames l'un et l'autre silencieux: je ne
sais ce qui se passait en elle; mais pour moi j'avais peur de reprendre
notre entretien qui, sur la voie ou il se trouvait engage, pouvait nous
entrainer trop loin. J'avais brusquement, emporte par une impatience
plus forte que ma volonte, avoue mon amour; mais si angoisse que je
fusse d'obtenir une reponse decisive, j'aimais mieux rester a jamais
dans l'incertitude que d'arriver a une rupture.
Clotilde avait repondu d'une facon obscure; fallait-il maintenant
l'obliger a expliquer ce qui etait embarrasse et preciser ce qui etait
indecis? Deja, pour n'avoir pas voulu me contenter du regard qui
avait ete sa premiere reponse, j'avais vu ma situation devenir plus
perilleuse; maintenant, fallait-il insister encore et la pousser a bout?
Etait-elle femme, d'ailleurs, a parler la langue nette et precise que je
voulais entendre? Et ne trouverait-elle pas encore le moyen de donner a
sa pensee une forme qui permettrait toutes les interpretations?
Ce fut elle qui rompit la premiere ce silence.
--Qu'avez-vous donc compris? dit-elle, je cherche et ne trouve pas; vous
defendre cette maison, moi?
--Il me semble....
--Je ne me rappelle pas mes paroles, mais je suis certaine de n'avoir
pas dit un mot de cela.
--Si ce ne sont pas la vos propres paroles, c'est au moins leur sens
general.
--Alors, je me suis bien mal expliquee: j'ai voulu vous prier de ne pas
revenir sur un sujet qui avait ete interrompu l'autre jour, et pour
cela je vous ai demande de considerer les sentiments de mon pere. Il me
semblait que ces sentiments devraient nous interdire des paroles comme
celles qui vous ont echappe a Portmiou. Voila ce que j'ai voulu dire;
cela seulement et rien de plus. Vous voyez bien qu'il n'a jamais ete
dans ma pensee de vous "defendre cette maison."
--Et si malgre moi, entraine pas mon... par la violence de..., si je
reviens a ce sujet?
--Mais vous n'y reviendrez pas, puisque maintenant vous savez qu'il ne
peut pas avoir de conclusion.
--Jamais?
--Et qui parle de jamais? pourquoi donc donnez-vous aux mots une etendue
qu'ils n'ont pas? Jamais, c'est bien long. Je parle d'aujourd'hui, de
demain. Qui sait ou nous allons, et ce que nous serons? Chez mon
pere, meme chez vous, les sentiments peuvent changer; pourquoi ne se
modifieraient-ils pas comme les circonstances? Mon pere a p
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