les, a la destruction de la citadelle. Elle devait etre
rasee de fond en comble afin d'oter a tout jamais a une tyrannie
quelconque l'envie, l'idee, ou la possibilite d'un nouveau bombardement.
C'etait quelque chose de curieux que l'entrain, et, en meme temps,
l'inexperience qui presiderent au commencement de ce travail.
L'affluence etait telle que les travailleurs, agglomeres les uns sur les
autres et en masse serree sur les remparts, ne pouvaient plus bouger. On
fut oblige de faire des categories. Un jour, c'etait le tour des cochers
de fiacre, de bonne maison, de voitures de louage, etc. Tant pis pour
ceux qui voulaient une voiture. A quelque prix que ce fut, on n'eut pas
trouve un vehicule, et les Garibaldiens qui, pas plus que nos turcos, ne
dedaignaient le plaisir d'une promenade en carrosse, durent y renoncer
et se contenter de leurs jambes. Le lendemain, c'etait le tour des
congregations, couvents, etc. Une longue procession de cordeliers, de
moines, de dominicains, voire meme de pretres, marchait militairement au
son d'une musique bruyante et de tambours feles; armes, qui d'une
pioche, qui d'une pelle; les petits seminaristes avaient la specialite
des mannequins et des paniers a gravats. Tout cela hurlant: _Viva
Garibaldi! viva la Italia! viva la liberta! viva ..._ Il y en avait qui,
sur le point de se tromper par la force de l'habitude, n'avaient que le
temps d'avaler la fin de la phrase. Les abbes titres et autres se
contentaient de brandir des oriflammes aux couleurs nationales et de
jeter des benedictions a la foule qui, la bouche beante, les regardait
defiler.
Un coup de canon annoncait l'ouverture et la fermeture des travaux.
Aussitot la premiere detonation, un nuage de poussiere couronnait la
citadelle, et ce n'etait plus, aux environs, qu'une avalanche et une
pluie de gravats. Cela dura plusieurs jours ainsi. Mais un accident
troubla la fete; on ne sait par quel hasard plusieurs bombes enfouies
dans les decombres se prirent a eclater, et a tuer ou blesser quelques
travailleurs. L'enthousiasme des demolisseurs s'en ressentit et, a
l'avenir, des ouvriers seuls procederent a cette destruction. A chacun
son metier. Mais s'il etait facile de demolir, il etait moins aise de
reparer. C'est a grand'peine que plusieurs rues commencaient a devenir
praticables. De tous cotes il fallait solidifier des edifices menacant
ruine, ou achever la destruction de ceux qui, effondres completement,
n'offraient plus la possib
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