qu'ils conservaient l'uniforme,
et jusqu'au numero de leur regiment. Il est probable, ou du moins on
doit le supposer, que soldats et officiers avaient fini leur temps ou
etaient en disponibilite. Mais ce n'etait certainement pas pour
infirmites temporaires qu'ils etaient reformes, car les uns comme les
autres etaient generalement des gaillards solides. Il ne se passait
presque pas de jour sans que quelque convoi d'hommes et d'armes ne
debarquat dans le port. Aussi les rues de la ville et les promenades
regorgeaient-elles d'uniformes etranges et varies: une douzaine ou deux
de zouaves, quelques turcos, des chasseurs d'Afrique, des spahis, des
Anglais en assez grande quantite, puis des officiers de toutes les
nations de l'Europe. Il finit par y en avoir tant et tant qu'il fallut
songer a les utiliser et a les acheminer sur divers points de la Sicile.
Dans beaucoup de localites, bien des choses allaient un peu de travers.
On se permettait quelques escapades a l'egard des proprietaires. On ne
se privait meme pas, a l'occasion, de les tuer, de les bruler et de les
piller par-dessus le marche.
Comme il n'y avait plus de police, plus de soldats et presque plus de
municipalite, ces espiegleries se commettaient tranquillement et
paraissaient devoir rester impunies. Depuis le depart des Napolitains,
on avait organise quelques regiments; on les forma alors en brigades. Le
general Tuerr prit le commandement de la premiere division, qui devait
traverser la Sicile en passant par Girgenti, Caltanisetta, puis gagner
Catane. La seconde, commandee par le general Bixio, devait suivre aussi
la route de l'interieur, mais par la montagne. La troisieme, sous les
ordres du general Medici, devait prendre la route maritime de Palerme a
Messine.
Dans les derniers jours de juin, vers les quatre heures du soir, la
division du general Tuerr se formait en bataille sur la place du
Palazzo-Reale, ou le general Garibaldi la passait en revue, et, vers les
sept heures, elle se mettait en marche avec une section de pieces de
campagne, une d'obusiers de seize pouces et quelques caissons de
munitions; les caissons etaient representes par de simples charrettes
ornees de petits pavillons. Toute cette division avait neanmoins bonne
tournure. Un grand laisser-aller dominait, mais on trouvait enormement
de bonne volonte. On y remarquait surtout avec plaisir un superbe
bataillon de chasseurs a pied piemontais, un bataillon de Suisses ou
Bavarois, presque to
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