e que la plus
grande partie connaissait parfaitement notre illustre romancier; mais,
dans la classe vulgaire qui, generalement, ne sait pas lire, en Sicile,
il n'est pas etonnant que la majorite ne connut pas, meme de nom,
l'auteur des _Mousquetaires_ et des _Memoires de Garibaldi_. En somme,
Dumas se preta galamment a l'ennui de la reception qui suivit la
manifestation. Il trouva de ces paroles qui ne lui font jamais defaut,
et renvoya tout le monde content, meme les musiciens qui terminerent la
ceremonie par une serenade, et auxquels il dut, a en juger d'apres leurs
figures epanouies, distribuer quelques-uns des tresors de
_Monte-Cristo_. Deux ou trois jours apres, Dumas quittait Palerme, et
faisait route, avec la brigade de Tuerr, pour Caltanisetta et Girgenti ou
son yacht devait le reprendre. Ce fut un depart tout militaire. Il y
avait la Legray, le photographe, Lockroy, le dessinateur, etc., enfin,
une quatorzaine de troupiers finis, plus ou moins moustachus, plus ou
moins barbus, le sac au dos, le fusil a deux coups sur l'epaule, et
chacun avec un ratelier varie a sa ceinture.
Il etait trois heures du matin lorsque cette petite troupe se mit en
marche, les voitures et les bagages au centre, trois superbes pointers
anglais en eclaireurs, et le pilote du yacht a l'arriere-garde. Mais
revenons a Palerme.
Pendant que tous ces evenements se passaient, la ville avait repris son
animation d'autrefois. Le commerce, qui jamais n'y a brille beaucoup,
avait un certain essor, grace aux volontaires. On se croyait enfin pour
toujours debarrasse des Napolitains. Cependant, une vague inquietude,
causee par les nouvelles de l'interieur, courait dans les classes
elevees. Il ne fallut rien moins que le depart des colonnes mobiles pour
calmer un peu certaines craintes, peut-etre exagerees, mais certainement
motivees par les evenements de Modica, Caltanisetta, etc.
Malgre toutes ses preoccupations militaires et les ennuis que lui
causaient ses embarras ministeriels, le Dictateur n'en trouvait pas
moins encore le temps de reunir ses municipalites pour essayer, sinon
une reorganisation complete, du moins un attermoiement qui permit
d'attendre, avec une certaine tranquillite, une epoque plus calme. Le
general Orsini, ministre de la guerre, faisait de son cote tout son
possible pour organiser et mettre en etat quelques batteries d'obusiers
de montagne et de pieces de campagne dont l'armee liberatrice avait le
plus grand besoin. On f
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