efuge sur une mahonne installee _ad hoc_. Quant aux administrations, il
n'y en avait autant dire plus. Chacun s'empressait de mettre la clef
sous la porte et de decamper sans tambour ni trompette. Le service des
postes, seul, tint bon ou a peu pres. Chose etrange, il apportait a
Messine les edits de Garibaldi que l'on affichait tranquillement, et
reciproquement, il remportait a Palerme les decrets et journaux
napolitains. Quant aux tribunaux, a la municipalite, etc., un decret du
general Garibaldi, publiquement affiche dans les rues de la ville, leur
avait enjoint de se rendre a Barcelona, et tout le monde s'etait
empresse d'obeir, excepte le directeur de la Banque qui avait pretexte
la necessite de sa presence a Messine pour eluder l'ordre du Dictateur.
Les eglises elles-memes restaient en partie fermees; c'est a peine enfin
si l'on pouvait se procurer les objets les plus necessaires a la vie. Le
commerce maritime, de son cote, devenu completement nul, faisait, des
quais une vaste solitude que rien ne venait troubler, sauf les cris des
factionnaires et le bruit des marches et contre-marches des soldats,
dans lesquels on commencait a avoir si peu de confiance qu'on ne les
laissait plus sejourner quarante-huit heures dans le meme endroit.
Le 14 juillet, plusieurs bateaux calabrais, ayant a bord des
volontaires, debarquaient a un mille et demi de la ville, sur la route
de Taormini, et les hommes se repandaient isolement dans la campagne.
Les troupes royales, en observation dans les environs, ne les virent pas
ou ne voulurent pas les voir.
Ces volontaires devaient, aussitot la retraite de l'armee napolitaine
sur Messine, se precipiter dans la ville, en barricader les rues et
empecher ainsi la rentree des troupes royales.
La cite ressemblait a un tombeau. Presque toutes les troupes furent a ce
moment dirigees vers la montagne. Des bandes de _picchiotti_ avaient
apparu sur les sommets du mont Castellamare et dans les ravins
environnants; ils echangeaient meme, de temps en temps, des coups de feu
avec les avant-postes royaux, qu'ils commencaient a inquieter chaque
jour.
Le general Medici, arrive depuis plusieurs jours a Barcelona avec sa
colonne, publia le 6 juillet une proclamation adressee aux soldats
napolitains et dans laquelle il leur representait leur cause comme
perdue et les appelait a la liberte. Il avait avec lui quelque chose
comme trois mille hommes. Les troupes royales occupaient Spadafora et le
Jesso
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