malheureuses, qui vinrent aussi se refugier au
Palazzo-Reale, furent traitees de la meme maniere.
Cependant la partie saine de la population finit par s'emouvoir de ces
actes barbares. Des decrets parurent, severes et fermes. Ce remede fut
inefficace. Il fallut une ordonnance aussi inexorable que les actes des
septembriseurs palermitains. A partir de ce jour, tout individu
convaincu d'avoir frappe d'une arme quelconque qui que ce fut, d'avoir
crie haro ou ameute la population contre quelqu'un, d'avoir arrete
illegalement quelque personne que ce fut, passait de suite devant un
conseil de guerre qui, seance tenante, prononcait le jugement,
executoire dans les dix minutes.
Le jour meme ou ce decret etait affiche, un assassinat avait lieu pres
du marche: le coupable, arrete, etait passe par les armes a trois heures
de l'apres-midi, sur la place de la Citadelle.
Le lendemain, deux autres exemples semblables avaient lieu sur la place
de la Marine.
Des lors, ces scenes de cannibales devinrent plus rares.
L'assassinat de la Bagheria vint encore cependant ensanglanter ces pages
de l'histoire de Palerme. Un corps de volontaires siciliens y avait ete
mis en cantonnement. Leur commandant, jeune homme d'une trentaine
d'annees qui depuis dix ans sacrifiait sa fortune au benefice de la
revolution projetee et qui, pendant longtemps, lors des evenements
revolutionnaires de Sicile, avait commande ses guerillas dans la
montagne, rentrait a son quartier, revenant de Palerme ou il avait dine
dans sa famille. Il est aborde par un de ses volontaires qui lui reclame
quelque argent. Le commandant lui repond qu'on ne lui doit rien et qu'on
ne lui donnera rien. Un instant apres, trois coups de feu l'etendaient
roide mort. Toute la population palermitaine s'emut vivement de ce
nouvel acte de ferocite; mais il fallut plusieurs jours pour trouver et
arreter le meurtrier qui fut fusille sur la piazza de la Bagheria.
On a parle aussi vaguement, a cette epoque, d'une tentative d'assassinat
sur la personne meme du Dictateur. Ce fait est certainement controuve.
Les volontaires continuaient a arriver en foule de toutes parts. Ce
n'etaient plus les aventuriers sans ressources de Marsala: c'etaient de
beaux soldats bien equipes, bien armes. Ils ressemblaient, a s'y
meprendre, a des regiments piemontais, dont ils portaient le costume,
legerement modifie. Beaucoup meme de leurs officiers se souciaient si
peu de laisser paraitre leur nationalite
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