villes de la Sicile, avaient ete offertes par
les eglises et les couvents. Il y avait de quoi fondre plus de pieces
qu'il n'en aurait fallu a une armee de cent mille hommes, et cependant
il en restait encore une telle quantite que, les jours ou elles se
mettaient en branle et aux grandes fetes, c'etait un vacarme a ne pas
s'entendre.
On fut un jour bien etonne en rade. Une embarcation du port, toute
simple d'apparence, poussait du debarcadere et se dirigeait vers
l'escadre anglaise. Quelques officiers garibaldiens, en chemise de laine
rouge, etaient a bord de ce canot qui, bientot, accostait l'amiral
anglais.
Le Dictateur allait faire une visite non officielle, puisque son
gouvernement n'etait pas reconnu, mais de courtoisie, aux commandants
des stations etrangeres sur rade. Du vaisseau amiral anglais, il se
dirigea vers le _Donawerth_, puis vers le commandant piemontais qui le
salua de dix-sept coups de canon lorsqu'il regagna la terre. Ces visites
lui furent rendues avec empressement, mais toujours en ecartant le
caractere officiel. A cette epoque aussi, le _Franklin_, capitaine
Orrigoni, fut envoye en mission sur la cote Sud. Il devait toucher a
Trapani, Marsala, Girgenti, Alicata, Terranova, et pousser jusqu'au cap
Passaro. Il etait charge de rapporter les fonds offerts par les
provinces, de faire le sauvetage d'un transport napolitain charge de
boulets et de canons, echoue entre Alicata et Terranova. Il devait
aussi, a son retour, cooperer, s'il y avait lieu, au sauvetage du
_Lombardo_ a bord duquel une corvee de marins et d'officiers du genie
maritime avait ete envoyee prealablement de Palerme, et enfin y amener
les delegues de toutes les villes du littoral.
Il serait trop long d'enumerer tous les decrets et tous les changements
de fonctionnaires qui eurent lieu alors. On pataugeait un peu partout,
mais on cherchait cependant a faire pour le mieux. L'experience seule
manquait. On n'est pas parfait. Cette armee d'hommes determines manquait
d'organisateurs. C'est a grand'peine si le service medical avait pu etre
installe dans les differents corps. Celui de l'intendance etait tout a
fait incomplet. On procedait, autant que possible, par requisitions.
Elles etaient payees par le tresor municipal; celui de l'armee etait
trop pauvre. On pouvait tout au plus compter aux volontaires leur mise
en campagne: les officiers touchaient environ deux francs par jour,
juste de quoi manger; le reste de leurs appointements dev
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