s de longues annees,
avait recueilli, au moment du bombardement, un agent de Maniscalco dont
la vie etait menacee. Forcee de chercher un refuge sur le _Vauban_, elle
laissa ce malheureux dans sa maison en lui recommandant de ne pas
sortir, sa vie y etant en surete. Mais lui aussi etait pere, et, sans
nouvelles de sa femme et de ses enfants, il voulut se hasarder, la nuit
venue, a gagner son domicile pour embrasser sa famille.
A mi-chemin, il fut reconnu et massacre. A quelques jours de la, la
femme et les enfants vinrent a leur tour chercher asile chez madame
D..., alors debarquee du _Vauban_; Palerme etait au pouvoir de l'armee
liberale. Deux ou trois jours se passent tranquillement, mais, le
quatrieme, la malheureuse, allant chercher quelques provisions, est
reconnue et, sans un chasseur des Alpes qui degaina et prit bravement sa
defense, elle etait assassinee avec son enfant.
Madame D... etait encore sous l'impression de ce triste evenement,
lorsqu'elle rencontre, dans la rue de Tolede, le general Garibaldi
descendant a la Marine avec deux de ses aides de camp. Sans se
deconcerter, elle l'aborde et lui dit: "General, j'ai chez moi la
malheureuse femme et les deux enfants d'un sbire assassine il y a dix
jours, et, tout a l'heure, sans un des votres, cette malheureuse et ses
deux enfants eprouvaient le meme sort.
--"Madame, repondit le general, venez au palais dans une heure, je vous
ecouterai."
Effectivement, une heure apres, madame D..., accompagnee de la femme du
sbire et de ses deux enfants, arrivait au Palazzo dont la garde
nationale lui refusait impitoyablement l'entree, lorsque, heureusement,
un aide de camp survint et immediatement l'introduisit aupres du
Dictateur.
Pendant le recit de ces horribles details, le general Garibaldi tenait
les yeux fixes sur la pauvre femme dont le dernier enfant, age de onze
mois, etait enveloppe dans un chale qu'elle serrait sur sa poitrine.
Apres quelques instants, il se dirigea vers elle et, soulevant le chale
qui entourait la pauvre petite creature endormie sur le sein de sa mere:
"Pauvre femme! dit-il; mais, madame, soyez tranquille, je la prends sous
ma protection et je ferai en sorte de reparer, autant qu'il est en mon
pouvoir, de tristes evenements independants de ma volonte."
Elle resta au palais ou on lui donnait deux thari par jour pour pourvoir
a ses besoins et, plus tard, le general la fit entrer dans un couvent
avec ses deux enfants.
Plusieurs autres
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