onduire,
avec accompagnement de coups de trique, jusque dans de jolis petits
cachots bien noirs et bien infects.
Les couleurs italiennes flottaient partout, et, sauf les deserteurs, il
ne restait pas en ville, ni dans la citadelle, l'ombre d'un guerrier du
roi Francois II. Bien plus, afin d'effacer jusqu'au souvenir de la
domination napolitaine, une quantite innombrable de jeunes patriotes de
huit a douze ans,
La valeur n'attend pas le nombre des annees,
avaient attaque, a grands coups de cailloux et de marteau, les deux
statues de Francois II et de son pere que, dans un moment d'epanchement,
la ville de Palerme avait fait elever sur la promenade de la Marine. En
moins d'une heure, elles etaient reduites en morceaux et leurs debris
jetes a la mer. On avait seulement conserve les deux tetes, dont l'une,
je ne sais si c'est celle du pere ou du fils, fut coiffee d'une tete de
boeuf a laquelle, bien entendu, on avait eu soin de laisser les cornes.
Ces trophees furent promenes par la ville avec grand renfort de fusees
et de petards, et le soir ce fut le pretexte d'une immense promenade aux
flambeaux. Triste spectacle pour quelque opinion que ce soit!
A partir de ce bienheureux jour, la ville commenca a depouiller sa
parure guerriere. Les dalles, amoncelees en barricades, durent
rechercher leur ancienne place et les reintegrer. Quelques-uns des
canons qui armaient ces fortifications passageres rentrerent a
l'arsenal, tandis que d'autres, plus modestes, reprirent leur humble
etat de bornes, car il est bon de noter que plusieurs de ces engins de
destruction auraient ete bien plus dangereux pour leurs propres
artilleurs que pour l'ennemi. Apres avoir servi longtemps a amarrer les
bateaux sur le port, ils s'etaient vus, une belle apres-midi, deterres
et plus ou moins volontairement forces de reprendre de l'activite. Les
malheureux etaient hors d'age cependant, et, certes, avaient bien merite
les invalides a perpetuite. Il y en avait un qui datait de 1666.
Toute la population, affairee, recommencait a circuler avec plus
d'entrain que jamais, pele-mele avec les _picchiotti_ et les volontaires
garibaldiens. Mais, si le danger du bombardement etait passe, si l'on ne
craignait plus les balles coniques napolitaines, on n'etait pas encore a
l'abri de tout danger, et c'est le cas de dire, puisque nous sommes en
Sicile, qu'on etait presque tombe de Charybde en Scylla.
Les braves volontaires de Garibaldi eux-memes y regarda
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