de toutes parts. On dansait, on sautait et on s'embrassait aux
abords du cortege, en tete duquel marchait, ou plutot gambadait, tout le
monde a pu le voir, plus d'un grave cordelier a la robe de bure qui
envoyait a la fois des benedictions avec ses mains et des entrechats
avec ses pieds. C'etait, en un mot, la folie de l'ivresse et un coup
d'oeil magique. Pas un cri, pas une figure qui ne fut a l'unisson de
l'allegresse commune, et, ce qui est plus remarquable, on n'eut pas a
deplorer le plus petit accident dans ce brouhaha et dans cette cohue.
De nombreux deserteurs napolitains restaient en ville, la plus grande
partie demandant a etre incorpores dans les volontaires.
En resume, le nombre des morts en ville etait de 573; celui des
volontaires, de pres de 300, et celui des Napolitains, de 5 a 600 tues
et 1,500 blesses.
Le chiffre des degats dans la ville s'elevait a plus de 30 millions.
Comme on pourrait taxer d'exageration le recit des atrocites commises
par les troupes royales, il est bon de citer, entre autres documents, le
rapport du vice-amiral anglais Mundy.
"A bord de l'_Hannibal_, a Palerme, 3 juin."
"_Le vice-amiral Mundy au secretaire de l'Amiraute._"
"Je vous adresse le rapport suivant sur les degats et les morts causes
dans la ville par le bombardement. Les ravages sont epouvantables. Tout
un quartier, d'une longueur de mille yards sur cent de large, est reduit
en cendres. Des familles entieres ont ete brulees vivantes avec les
batiments. Les troupes royales ont commis d'horribles atrocites. Dans
d'autres parties de la ville, des couvents, des eglises et des edifices
isoles ont ete detruits par les bombes. On en a lance onze cents de la
citadelle sur la ville, et environ deux cents des navires de guerre,
sans compter les boites a feu, la mitraille et les boulets.
"L'armistice a ete indefiniment prolonge, et l'on espere que les
puissances europeennes s'interposeront pour empecher une plus longue
effusion de sang.
"La conduite du general Garibaldi, pendant l'action et depuis la
suspension des hostilites, a ete noble et genereuse."
III
C'est ainsi que le 30, au matin, dans la bonne ville de Palerme, tout le
monde se levait, aspirant a pleins poumons l'air de la liberte. Ses cent
quatre-vingt-dix mille habitants pouvaient causer de tout impunement, et
s'en donner a crier: A bas Francois II! A bas les Napolitains! sans que
le moindre sbire vint leur mettre la main au collet et les c
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