les enfants et
les familles des volontaires tues pendant la guerre.
Le 8 et le 9, une forte escadre sarde venait mouiller sur rade, et
apportait a Garibaldi un appui moral immense.
On avait appris les evenements de Syracuse et de Catane, qui etaient
venus encore surexciter l'enthousiasme des habitants de Palerme et des
volontaires.
Le 9, on avait connaissance de l'evacuation de Trapani par les troupes
royales. La prison d'Etat du fort de Favignano, sur l'ile de ce nom,
abandonnee par sa garnison, fut ouverte par les habitants de l'ile, qui
s'empresserent de mettre en liberte tous les prisonniers politiques.
On apprenait aussi le pronunciamento de Girgenti, de Caltanisetta, qui
avaient chasse les prefets royaux et leurs troupes, organise leurs
gardes nationales et ouvert immediatement des souscriptions dont ils
envoyaient les fonds au dictateur.
Tout allait donc pour le mieux, et l'evacuation, qui continuait grand
train, allait amener bientot la remise de la citadelle. En effet, le 18
au soir, a la nuit tombante, le pavillon napolitain fut amene. Le
lendemain matin, vers les neuf heures, les couleurs italiennes etaient
hissees en tete du mat de pavillon a la porte d'entree du fort qui etait
lui-meme remis aux delegues du general Garibaldi, et occupe
immediatement par un poste de chasseurs des Alpes.
Il restait cependant encore vers le mole une certaine quantite de
troupes a embarquer; mais a une heure, les derniers hommes rejoignaient
les navires, et toute l'escadre napolitaine appareillait. Peu de temps
auparavant avait eu lieu la remise des prisonniers palermitains retenus
dans le fort depuis le 4 avril. Ces prisonniers, appartenant aux
premieres familles de la cite, etaient: le prince Antonio Pignatelli, le
baron di Calabria, le _padre_ Octavio Lanza, le marquis Santo-Giovanni,
le prince Nisciemi, le prince Giardinelli, le baron Rizzo, etc.
Toute la ville s'etait donne rendez-vous devant la citadelle pour les
recevoir.
Accueillis par des cris frenetiques, les prisonniers furent portes,
plutot qu'escortes, vers les voitures ou leurs familles les attendaient.
Un long cortege d'equipages, les musiques civiles et militaires de
Palerme, des detachements de tous les corps de volontaires et de
nombreux _picchiotti_ remplissaient les rues avoisinantes. Dans leur
parcours, jusqu'au Palais-Royal, ce ne fut qu'une longue ovation. Les
prisonniers etaient litteralement ensevelis sous les fleurs qu'on leur
jetait
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