echarges continuent toujours, plus multipliees et plus rapprochees.
Il est deux heures. L'inquietude est a son comble. On se voit deja a la
veille d'un nouveau bombardement.
Autour de la citadelle, on a peine a retenir les _picchiotti_ qui
veulent se precipiter a l'assaut de ces remparts, degarnis de leurs
engins de guerre, pour se venger sur les troupes napolitaines des
evenements qu'on suppose se passer au large. Enfin, a deux heures un
quart, un canot arrive a force d'avirons sur le quai, et un midshipman
qui en debarque previent que l'on ait a aviser les autorites que le
canon que l'on entend est celui d'une fregate britannique qui fait
l'exercice au large. Ce trait peint-il assez les Anglais? Entre une et
deux heures du matin, a quelques milles a peine d'une ville qui vient de
subir les horreurs d'un bombardement et qui, encore tout en emoi, se
remet a peine des terreurs du combat et de l'incendie, aller faire
branle-bas de combat de nuit et exercice a feu! Et que dire de ces
pauvres soldats napolitains enfermes dans la citadelle et non moins
inquiets que les habitants de la ville, car ils entendaient du haut de
leur bicoque desarmee les imprecations et les cris de vengeance de leurs
ennemis!
Que fut-il arrive si l'on n'eut pu retenir les _picchiotti?_ et, quel
qu'eut ete le resultat de leur attaque, que de sang pouvait etre verse,
et pourquoi? Enfin, a trois heures du matin, tout etait rentre dans le
calme.
Le 20, au matin, le premier detachement des volontaires debarques
arrivait a Palerme a cinq heures environ. C'etaient deux magnifiques
bataillons de chasseurs a pied, parfaitement uniformes et bien equipes,
armes de carabines rayees et paraissant remplis de gaiete et d'entrain.
Le 21 et le 22, le restant des troupes debarquees suivait le mouvement
et venait prendre ses casernements en ville.
L'enthousiasme avec lequel chaque nouveau corps arrivant etait recu est
indescriptible. Les bouquets et les applaudissements se succedaient sans
interruption sur la route qu'il parcourait.
Le corps des guides s'organisait rapidement. Une commission de remonte
avait ete installee et fonctionnait avec activite. Bientot leurs deux
escadrons furent complets, et on s'occupa de la formation de deux
regiments de hussards.
Toutes les statues rappelant l'ancien gouvernement avaient ete brisees
des les premiers jours, et leurs debris jetes a la mer. Le 6 juin, un
decret du general Garibaldi faisait adopter par la patrie
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