ne suis plus bon qu'a
etre tue, leur crie-t-il, au moins, en mourant, je rendrai encore un
service." Exaltes par cette intrepidite, deux d'entre eux le rejoignent
et cherchent a l'entrainer. En ce moment, un canon de fusil passe par
une fenetre immediatement au-dessus de la porte et le malheureux recoit
le coup en pleine poitrine. Ses camarades ne rapportent qu'un cadavre.
Dans les rues qui menent a la Piazza di Bologni, la lutte fut serieuse.
Les soldats royaux, comme partout ailleurs, incendiaient et pillaient.
Les malheureux habitants de ce quartier, eperdus d'effroi, essayaient de
fuir dans toutes les directions, entrainant femmes et enfants; ce
n'etaient partout que gemissements et lamentations. Quelques hommes
determines se reunissent en armes a l'angle d'une petite impasse, en
occupent la maison et s'y barricadent apres y avoir donne l'abri a
quantite de femmes et d'enfants. Quelques instants apres, cette maison
est attaquee; mais on s'y defend vigoureusement. Les femmes, reprenant
courage, font pleuvoir sur les assaillants une grele de tuiles, de vases
de toutes sortes, enfin ce qui leur tombe sous la main.
Une bombe vient s'abattre sur le toit, entraine le troisieme et le
quatrieme etages, et, en eclatant, tue et blesse encore plusieurs femmes
et des enfants. Quelques moments apres, les flammes viennent se joindre
aux balles napolitaines.
De huit qu'ils etaient, les assieges ne comptent plus que cinq hommes,
dont un blesse. Cependant, des femmes, des enfants, des vieillards les
supplient de ne pas les abandonner. Il faut prendre un parti; le blesse
et un de ses camarades grimpent au faite de l'edifice qui menace ruine;
on y hisse, les uns apres les autres, les malheureux refugies, et,
lorsque tous sont a l'abri dans une maison dont l'issue donne sur une
rue inoccupee par l'armee royale, les trois braves gens qui continuaient
a lutter avec les royaux, battent eux-memes en retraite, n'abandonnant
qu'une ruine ensanglantee.
Des le 8 juin, des debarquements de volontaires s'effectuaient un peu
partout.
Du 9 au 11, une petite escadre partait de Genes. Elle se composait de
l'_Utile_, remorquant le _Charles and Jane_, le premier commande par le
capitaine Molessa, le second par le capitaine Quain; puis venaient le
_Franklin_, capitaine Orrigoni, un des anciens compagnons d'armes de
Garibaldi dans la Plata; l'_Orregon_, capitaine West; le _Washington_,
dont les volontaires etaient commandes par le colonel Bald
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