rd d'avant. Plusieurs
de ces heros jouaient vingt piastres sur table, ou, pour mieux dire, sur
le pont.
Dans une petite maison qui a voisine le Palazzo-Reale, un infortune
coutelier, ou quincaillier, est assailli a l'instant ou il sortait sans
armes pour tacher d'avoir un morceau de pain pour trois enfants qui
criaient la faim. A peine dehors, malgre toutes les explications qu'il
veut donner, il est saisi, garrotte, et on se dispose a l'entrainer pour
le fusiller. Les pauvres enfants arrivent, demandant leur pere. Une
decharge le jette en bas avec deux de ses enfants; le troisieme est tue
d'un coup de baionnette. Assez de ces horreurs, il y en aurait trop a
citer. En parcourant ces maisons mutilees, ces decombres sanglants, en
voyant, ca et la, les extremites des cadavres ensevelis sous les ruines,
les debris de vetements, que de drames ne doit-on pas supposer! Et si
chacun de ces malheureux pouvait revenir a la vie, quelle longue file de
forfaits se dresserait criant vengeance et stigmatisant d'infamie cette
armee qui semblait n'avoir pour devise, en ce moment, que pillage et
incendie!
Pendant les divers combats qui signalerent la prise de Palerme, les
pertes furent sensibles de part et d'autre. Celles de l'armee royale
doivent etre portees, au minimum, a deux mille hommes, tues ou blesses;
parmi eux se trouvaient plusieurs officiers superieurs, entre autres le
commandant de la gendarmerie, generalement deteste a Palerme, comme tout
ce qui tenait a la police, mais auquel il faut cependant rendre cette
justice qu'il s'est conduit bravement. Quant aux volontaires, leurs
pertes avaient aussi ete sensibles. Le brave colonel hongrois Tukery,
grievement blesse a l'attaque du Palazzo-Reale, mourait le 11 juin,
apres d'atroces souffrances. Carini, dangereusement atteint d'une balle
qui lui fracturait le bras presque a la hauteur de l'epaule, au moment
ou, envoye par le general Garibaldi, il examinait, sur une barricade,
les troupes napolitaines operant leur retour offensif, etait couche pour
longtemps sur un lit de douleur. Pres de trois cent cinquante soldats
etaient tues ou hors de combat.
Plusieurs corps de volontaires s'etaient fait remarquer par l'energie de
leur courage. Les chasseurs des Alpes, a Palerme comme a Calatafimi,
firent des prodiges de valeur. A l'attaque du couvent des Benedittini,
ils ont ete superbes d'entrain et de fermete. Une seule compagnie de
trente-cinq hommes avait eu, depuis son depart de Mar
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