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aux plaines de Zama. La victoire ne les abandonna jamais, parce que
constamment elles furent braves patientes a supporter la fatigue,
disciplinees et unies entre elles.
"Soldats, l'Europe a les yeux sur vous! vous avez de grandes
destinees a remplir, des batailles a livrer, des dangers, des
fatigues a vaincre; vous ferez plus que vous n'avez fait pour la
prosperite de la patrie, le bonheur des hommes, et votre propre
gloire.
"Soldats, matelots, fantassins, canonniers, cavaliers, soyez unis;
souvenez-vous que le jour d'une bataille vous avez besoin les uns
des autres.
"Soldats, matelots, vous avez ete jusqu'ici negliges; aujourd'hui la
plus grande sollicitude de la republique est pour vous: vous serez
dignes de l'armee dont vous faites partie.
"Le genie de la liberte qui a rendu, des sa naissance, la republique
l'arbitre de l'Europe, veut qu'elle le soit des mers et des nations
les plus lointaines."
On ne pouvait pas annoncer plus dignement une grande entreprise, en la
laissant toujours dans le mystere qui devait l'envelopper.
L'escadre de l'amiral Brueys se composait de treize vaisseaux de ligne,
dont un de 120 canons (c'etait _l'Orient_, que devaient monter l'amiral
et le general en chef), deux de 80, et dix de 74. Il y avait de plus
deux vaisseaux venitiens de 64 canons, six fregates venitiennes et
huit francaises, soixante-douze corvettes, cutters, avisos, chaloupes
canonnieres, petits navires de toute espece. Les transports reunis tant
a Toulon qu'a Genes, Ajaccio, Civita-Vecchia, s'elevaient a quatre
cents. C'etaient donc cinq cents voiles qui allaient flotter a la fois
sur la Mediterranee. Jamais pareil armement n'avait couvert les mers.
La flotte portait environ quarante mille hommes de toutes armes et dix
mille marins. Elle avait de l'eau pour un mois, des vivres pour deux.
On mit a la voile le 30 floreal (19 mai), au bruit du canon, aux
acclamations de toute l'armee. Des vents violens causerent quelque
dommage a une fregate a la sortie du port. Les memes vents avaient cause
de telles avaries a Nelson, qui croisait avec trois vaisseaux, qu'il
fut oblige d'aller au radoub dans les iles Saint-Pierre. Il fut ainsi
eloigne de l'escadre francaise, et ne la vit pas sortir. La flotte vogua
d'abord vers Genes, pour rallier le convoi reuni dans ce port, sous
les ordres du general Baraguai-d'Hilliers. Elle cingla ensuite vers la
Corse, r
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