ne devait pas lui etre difficile de venir a bout de la
multitude qui fourmillait dans ce camp apres avoir detruit les Mameluks.
Sur-le-champ il donna le signal. Desaix, qui formait l'extreme droite,
se mit le premier en marche. Apres lui venait le carre de Regnier, puis
celui de Dugua, ou etait Bonaparte. Les deux autres circulaient autour
d'Embabeh, hors de la portee du canon. Mourad-Bey qui, quoique sans
instruction, etait doue d'un grand caractere et d'un coup d'oeil
penetrant, devina sur-le-champ l'intention de son adversaire, et resolut
de charger pendant ce mouvement decisif. Il laissa deux mille Mameluks
pour appuyer Embabeh, puis se precipita avec le reste sur les deux
carres de droite. Celui de Desaix, engage dans les palmiers, n'etait pas
encore forme, lorsque les premiers cavaliers l'aborderent. Mais il se
forma sur-le-champ, et fut pret a recevoir la charge. C'est une masse
enorme que celle de huit mille cavaliers galopant a la fois dans une
plaine. Ils se precipiterent avec une impetuosite extraordinaire sur la
division Desaix. Nos braves soldats, devenus aussi froids qu'ils avaient
ete fougueux jadis, les attendirent avec calme, et les recurent, a bout
portant, avec un feu terrible de mousqueterie et de mitraille. Arretes
par le feu, ces innombrables cavaliers flottaient le long des rangs,
et galopaient autour de la citadelle enflammee. Quelques-uns des plus
braves se precipiterent sur les baionnettes, puis, retournant leurs
chevaux et les renversant sur nos fantassins, parvinrent a faire breche,
et trente ou quarante vinrent expirer aux pieds de Desaix, au centre
meme du carre. La masse, tournant bride, se rejeta du carre de Desaix
sur celui de Regnier qui venait apres. Accueillie par le meme feu, elle
revint vers le point d'ou elle etait partie; mais elle trouva sur ses
derrieres la division Dugua que Bonaparte avait portee vers le Nil, et
fut jetee dans une deroute complete. Alors la fuite se fit en desordre.
Une partie des fuyards s'echappa vers notre droite, du cote des
pyramides; une autre, passant sous le feu de Dugua, alla se jeter dans
Embabeh, ou elle porta la confusion. Des cet instant le trouble commenca
a se mettre dans le camp retranche. Bonaparte s'en apercevant, ordonna
a ses deux divisions de gauche de s'approcher d'Embabeh, pour s'en
emparer. Bon et Menou s'avancerent sur le feu des retranchemens,
et arrives a une certaine distance, firent halte. Les carres se
dedoublerent; les premiers r
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