inexperience et une incapacite absolues en fait
d'administration. Il y avait plus de zele dans les Cisalpins, mais
c'etait du zele sans lumiere et sans mesure, ce qui le rendait tout
aussi funeste que l'insouciance. Il etait a craindre que, des le
depart de la commission francaise, le gouvernement romain tombat en
dissolution, par l'inaction ou la retraite de ses membres. Et cependant
on aimait beaucoup les places a Rome, on les aimait comme on le fait
dans tout etat sans industrie.
La commission avait mis fin a toutes les malversations qui avaient ete
commises au premier moment de notre entree a Rome. Elle s'etait emparee
de la gestion des finances, et les dirigeait avec probite et habilete.
Faypoult, qui etait un administrateur integre et capable, avait etabli
pour tout l'etat romain un systeme d'impots fort bien entendu. Il etait
parvenu ainsi a suffire aux besoins de notre armee; il avait paye tout
l'arriere de solde non-seulement a l'armee de Rome, mais encore a
la division embarquee a Civita-Vecchia. Si les finances eussent ete
conduites de la meme maniere dans la Cisalpine, le pays n'eut pas ete
foule, et nos soldats se fussent trouves dans l'abondance. L'autorite
militaire etait a Rome entierement soumise a la commission. Le general
Saint-Cyr, qui avait remplace Massena, se distinguait par une severe
probite; mais, partageant le gout d'autorite qui devenait general
chez tous ses camarades, il paraissait mecontent d'etre soumis a la
commission. A Milan surtout, on etait fort peu satisfait de tout ce qui
se faisait a Rome. Les democrates italiens etaient irrites de voir les
democrates romains annules ou contenus par la commission. L'etat-major
francais, duquel relevaient les divisions stationnees a Rome, voyait
avec peine une riche partie des pays conquis lui echapper, et soupirait
apres le moment ou la commission quitterait ses fonctions.
C'est a tort qu'on ferait au directoire francais un reproche du desordre
qui regnait dans les pays allies. Aucune volonte, si forte qu'elle fut,
n'aurait pu empecher le debordement des passions qui les troublaient, et
quant aux exactions, la volonte de Napoleon lui-meme n'a pas reussi a
les empecher dans les provinces conquises. Ce qu'un seul individu, plein
de genie et de vigueur, n'aurait pu executer, un gouvernement compose
de cinq membres, et place a des distances immenses, le pouvait encore
moins. Cependant il y avait dans la majorite de notre directoire le plus
grand z
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