ichiens, et la Basse-Italie contre les Napolitains et les
Anglais reunis.
Ce champ de bataille etait immense, et il n'etait pas connu et juge
comme il l'a ete depuis, a la suite de longues guerres et de campagnes
immortelles. On pensait alors que la cle de la plaine etait dans les
montagnes. La Suisse, placee au milieu de la ligne immense sur laquelle
on allait combattre, paraissait la cle de tout le continent; et la
France, qui occupait la Suisse, semblait avoir un avantage decisif. Il
semblait qu'en ayant les sources du Rhin, du Danube, du Po, elle en
commandat tout le cours. C'etait la une erreur. On concoit que deux
armees qui appuient immediatement une aile a des montagnes, comme les
Autrichiens et les Francais quand ils se battaient aux environs de
Verone ou aux environs de Rastadt, tiennent a la possession de ces
montagnes, parce que celle des deux qui en est maitresse peut deborder
l'ennemi par les hauteurs. Mais quand on se bat a cinquante ou cent
lieues des montagnes, elles cessent d'avoir la meme importance. Tandis
qu'on s'epuiserait pour la possession du Saint-Gothard, des armees
placees sur le Rhin ou sur le Bas-Po auraient le temps de decider du
sort de l'Europe. Mais on concluait du petit au grand: de ce que les
hauteurs sont importantes sur un champ de bataille de quelques lieues,
on en concluait que la puissance maitresse des Alpes devait l'etre
du continent. La Suisse n'a qu'un avantage reel, c'est d'ouvrir des
debouches directs a la France sur l'Autriche, et a l'Autriche sur la
France. On concoit des lors que, pour le repos des deux puissances et
de l'Europe, la cloture de ces debouches soit un bienfait. Plus on peut
empecher les points de contact et les moyens d'invasion, mieux on fait,
surtout entre deux etats qui ne peuvent se heurter sans que le continent
en soit ebranle. C'est en ce sens que la neutralite de la Suisse
interesse toute l'Europe, et qu'on a toujours eu raison d'en faire un
principe de surete generale.
La France, en l'envahissant, s'etait donne l'avantage des debouches
directs sur l'Autriche et l'Italie, et, en ce sens, on pouvait regarder
la possession de la Suisse comme importante pour elle. Mais si la
multiplicite des debouches est un avantage pour la puissance qui
doit prendre l'offensive, et qui en a les moyens, elle devient un
inconvenient pour la puissance qui est reduite a la defensive, par
l'inferiorite de ses forces. Celle-ci doit souhaiter alors que le nombre
des point
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