se rabattit
promptement sur le point menace, et obligea Victor et Rusca a lacher
prise. Si Dombrowsky, saisissant le moment, se fut de son cote rabattu
sur Bagration, l'avantage nous serait reste sur ce point, qui etait le
plus important, puisqu'il touchait aux montagnes. Malheureusement il
resta inactif, et Victor et Rusca furent obliges de se replier sur la
Trebbia. Au centre, Montrichard avait passe la Trebbia vers Grignano;
Olivier l'avait franchie vers San-Nicolo. Montrichard marchait sur le
corps de Forster, lorsque les reserves autrichiennes, que Suwarow
avait demandees a Melas, et qui defilaient sur le derriere du champ de
bataille, donnerent inopinement dans les flancs de sa division. Elle
fut surprise, et la 5e legere, qui avait fait des prodiges en cent
batailles, s'enfuit en desordre. Montrichard se vit oblige de repasser
la Trebbia. Olivier, qui s'etait avance avec succes vers San-Nicolo, et
avait vigoureusement repousse Ott et Melas, se trouva decouvert par la
retraite de Montrichard. Melas alors, donnant contre-ordre aux reserves
autrichiennes, dont la presence avait jete le trouble dans la division
Montrichard, les dirigea sur la division Olivier, qui fut forcee a son
tour de repasser la Trebbia. Pendant ce temps la division Watrin, portee
inutilement a l'extreme droite, ou elle n'avait rien a faire, s'avancait
le long du Po, sans etre d'aucun secours a l'armee. Elle fut meme
obligee de repasser la Trebbia, pour suivre le mouvement general de
retraite. Suwarow, craignant toujours de voir Moreau deboucher sur ses
derrieres, fit de grands efforts le reste de la journee pour passer la
Trebbia, mais il ne put y reussir. Les Francais lui opposerent sur toute
la ligne une fermete invincible, et ce torrent, temoin d'une lutte si
acharnee, separa encore pour la troisieme fois les deux armees ennemies.
Tel fut le troisieme acte de cette sanglante bataille. Les deux armees
etaient desorganisees. Elles avaient perdu environ douze mille hommes
chacune. La plupart des generaux etaient blesses. Des regimens entiers
etaient detruits. Mais la situation etait bien differente. Suwarow
recevait tous les jours des renforts, et n'avait qu'a gagner au
prolongement de la lutte. Macdonald, au contraire, avait epuise toutes
ses ressources, et pouvait, en s'obstinant a se battre, etre jete en
desordre dans la Toscane. Il songea donc a se retirer sur la Nura,
pour regagner Genes par derriere l'Apennin. Il quitta la Trebbia le 2
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