ttirent a chaque charge un
nombre considerable. Bientot ils eurent forme autour d'eux un rempart
d'hommes et de chevaux, et abrites par cet horrible abatis, ils purent
resister six heures de suite a toute la furie de leurs adversaires. Dans
le moment Bonaparte debouchait du mont Thabor avec la division Bon. Il
vit la plaine couverte de feu et de fumee, et la brave division Kleber
resistant, a l'abri d'une ligne de cadavres. Sur-le-champ, il partagea
la division qu'il amenait en deux carres; ces deux carres s'avancerent
de maniere a former un triangle equilateral avec la division Kleber, et
mirent ainsi l'ennemi au milieu d'eux. Ils marcherent en silence, et
sans donner aucun signe de leur approche, jusqu'a une certaine distance:
puis tout a coup Bonaparte fit tirer un coup de canon, et se montra
alors sur le champ de bataille. Un feu epouvantable partant aussitot des
trois extremites de ce triangle, assaillit les Mameluks qui etaient au
milieu, les fit tourbillonner sur eux-memes, et fuir en desordre dans
toutes les directions. La division Kleber, redoublant d'ardeur a cette
vue, s'elanca sur le village de Fouli, l'enleva a la baionnette, et
fit un grand carnage de l'ennemi. En un instant toute cette multitude
s'ecoula, et la plaine ne fut plus couverte que de morts. Le camp turc,
les trois queues du pacha, quatre cents chameaux, un butin immense,
devinrent la proie des Francais. Murat, place sur les bords du Jourdain,
tua un grand nombre de fugitifs. Bonaparte fit bruler tous les villages
des Naplousins. Six mille Francais avaient detruit cette armee, que les
habitans disaient innombrable _comme les etoiles du ciel et les sables
de la mer_.
Pendant cet intervalle, on n'avait cesse de miner, de contre-miner
autour des murs de Saint-Jean-d'Acre. On se disputait un terrain
bouleverse par l'art des sieges. Il y avait un mois et demi qu'on etait
devant la place, on avait tente beaucoup d'assauts, repousse beaucoup
de sorties, tue beaucoup de monde a l'ennemi; mais malgre de continuels
avantages, on faisait d'irreparables pertes de temps et d'hommes. Le 18
floreal (7 mai), il arriva dans le port d'Acre un renfort de douze mille
hommes. Bonaparte, calculant qu'ils ne pourraient pas etre debarques
avant six heures, fait sur-le-champ jouer une piece de vingt-quatre sur
un pan de mur; c'etait a la droite du point ou depuis quelque temps
on deployait tant d'efforts. La nuit venue, on monte a la breche, on
envahit les travaux de
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