e de dictature et seraient
charges de faire une constitution. Bonaparte, Sieyes et Roger-Ducos,
devaient etre les trois consuls. Il s'agissait ensuite de trouver les
moyens d'execution. Sieyes avait la majorite assuree dans les anciens.
Comme on parlait tous les jours de projets incendiaires, formes par
les jacobins, on imagina de supposer de leur part un projet d'attentat
contre la representation nationale. La commission des inspecteurs des
anciens, toute a la disposition de Sieyes, devait proposer de transferer
le corps legislatif a Saint-Cloud. La constitution donnait, en effet,
ce droit au conseil des anciens. Ce conseil devait a cette mesure en
ajouter une autre qui n'etait pas autorisee par la constitution, c'etait
de confier le soin de proteger la translation a un general de son choix,
c'est-a-dire a Bonaparte. Les anciens devaient lui deferer en meme temps
le commandement de la 17e division militaire et de toutes les troupes
cantonnees dans Paris. Bonaparte, avec ces forces, devait conduire le
corps legislatif a Saint-Cloud. La, on esperait devenir maitre des
cinq-cents, et leur arracher le decret d'un consulat provisoire.
Sieyes et Roger-Ducos devaient donner ce jour meme leur demission de
directeurs. On se proposait d'emporter celle de Barras, Gohier ou
Moulins. Alors le directoire etait desorganise par la dissolution de
la majorite; on allait dire aux cinq-cents qu'il n'y avait plus de
gouvernement, et on les obligeait a nommer les trois consuls. Ce plan
etait parfaitement concu, car il faut toujours, quand on veut faire
une revolution, deguiser l'illegal autant qu'on le peut, se servir
des termes d'une constitution pour la detruire, et des membres d'un
gouvernement pour le renverser.
On fixa le 18 brumaire pour provoquer le decret de translation, et le
19 pour la seance decisive a Saint-Cloud. On se partagea la tache. Le
decret de translation, le soin de l'obtenir, fut confie a Sieyes et a
ses amis. Bonaparte se chargea d'avoir la force armee et de conduire les
troupes aux Tuileries.
Tout etant arrete, ils se separerent. Il n'etait bruit de toutes parts
que d'un grand evenement pres d'eclater. C'est toujours ainsi que cela
s'etait passe. Il n'y a de revolutions qui reussissent que celles qui
peuvent etre connues d'avance. Fouche d'ailleurs se gardait d'avertir
les trois directeurs restes en dehors de la conjuration. Dubois-Crance,
malgre sa deference pour les lumieres de Bonaparte en matiere de guerre,
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