yes, connaissant
parfaitement les mouvemens revolutionnaires, voulait qu'on arretat dans
la nuit quarante des meneurs des cinq-cents. Bonaparte ne le voulut pas,
et eut a s'en repentir.
La nuit fut assez tranquille. Le lendemain matin, 19 brumaire (10
novembre), la route de Saint-Cloud etait couverte de troupes, de
voitures et de curieux. Trois salles avaient ete preparees au chateau:
l'une pour les anciens, l'autre pour les cinq-cents, la troisieme
pour la commission des inspecteurs et pour Bonaparte. Les preparatifs
devaient etre acheves a midi, mais ils ne purent l'etre avant deux
heures. Ce retard manqua de devenir funeste aux auteurs de la revolution
nouvelle. Les deputes des deux conseils se promenaient dans les jardins
de Saint-Cloud, et s'entretenaient ensemble avec une extreme vivacite.
Ceux des cinq-cents, irrites d'avoir ete deportes en quelque sorte par
ceux des anciens, avant meme qu'ils pussent prendre la parole, leur
demandaient naturellement ce qu'ils voulaient, ce qu'ils projetaient
pour la journee. "Le gouvernement est decompose, leur disaient-ils;
eh bien, soit; nous convenons qu'il faut le recomposer, et qu'il en a
besoin. Voulez-vous, au lieu d'hommes ineptes et sans renommee, y porter
des hommes imposans; voulez-vous y porter Bonaparte?..... quoiqu'il
n'ait pas l'age requis, nous y consentons encore." Ces questions
pressantes, embarrassaient les anciens. Il fallait convenir qu'on
voulait autre chose, et qu'on avait le projet d'un renversement de
constitution. Quelques-uns d'entre eux firent des insinuations a ce
sujet; mais elles furent mal accueillies. Les anciens, deja effrayes la
veille de ce qui s'etait passe a la commission des inspecteurs, furent
ebranles tout a fait, en voyant la resistance qui se manifestait dans
les cinq-cents. Des ce moment, les dispositions du corps legislatif
parurent douteuses, et le projet de revolution fut tres compromis.
Bonaparte etait a cheval a la tete de ses troupes; Sieyes et Ducos
avaient une chaise de poste, attelee de six chevaux, qui les attendait
a la grille de Saint-Cloud. Beaucoup d'autres personnages en avaient
aussi, se disposant, en cas d'echec, a prendre la fuite. Sieyes, du
reste, montra dans toute cette scene un rare sang-froid et une grande
presence d'esprit. On craignait que Jourdan, Augereau et Bernadotte
ne vinssent parler aux troupes. On donna l'ordre de sabrer le premier
individu qui se presenterait pour les haranguer, representant ou
gener
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