t
fusiller Santerre. L'altercation continua avec Gohier. Bonaparte lui dit
en finissant: "La republique est en peril, il faut la sauver... _je le
veux_. Sieyes et Ducos ont donne leur demission; Barras vient de donner
la sienne. Vous etes deux, isoles, impuissans, vous ne pouvez rien; je
vous engage a ne pas resister." Gohier et Moulins repondirent qu'ils ne
deserteraient pas leur poste. Ils retournerent au Luxembourg, ou ils
furent des ce moment consignes, separes l'un de l'autre, et prives de
toute communication par les ordres de Bonaparte transmis a Moreau.
Barras venait de partir pour sa terre de Gros-Bois, escorte par un
detachement de dragons.
Il n'y avait donc plus de pouvoir executif! Bonaparte avait seul la
force dans les mains. Tous les ministres etaient reunis aupres de lui, a
la commission des inspecteurs. Tous les ordres partaient de la, comme
du seul point ou il existat une autorite organisee. La journee s'acheva
avec assez de calme. Les patriotes formaient de nombreux conciliabules,
proposaient des resolutions desesperees, mais sans croire a la
possibilite de les executer, tant on redoutait l'ascendant de Bonaparte
sur les troupes!
Le soir on tint conseil a la commission des inspecteurs. L'objet de ce
conseil etait de convenir, avec les principaux membres des anciens, de
ce qu'on ferait le lendemain a Saint-Cloud. Le projet arrete avec
Sieyes etait de proposer l'ajournement des conseils avec un consulat
provisoire. Cette proposition presentait quelques difficultes. Beaucoup
de membres des anciens, qui avaient contribue a rendre le decret
de translation, s'effrayaient maintenant de la domination du parti
militaire. Ils n'avaient pas cru que l'on songeat a creer une dictature
au profit de Bonaparte et de ses deux associes; ils auraient voulu
seulement que l'on composat autrement le directoire, et, malgre l'age de
Bonaparte, ils auraient consenti a le nommer directeur. Ils en firent
la proposition. Mais Bonaparte repondit, d'un ton decide, que la
constitution ne pouvait plus marcher, qu'il fallait une autorite plus
concentree, et surtout un ajournement de tous les debats politiques qui
agitaient la republique. La nomination de trois consuls et la suspension
des conseils jusqu'au 1er ventose furent donc proposees. Apres une
discussion assez longue, ces mesures furent adoptees. On choisit
Bonaparte, Sieyes et Ducos pour consuls. Le projet fut redige et dut
etre propose le lendemain matin a Saint-Cloud. Sie
|