aires, et en attaquant, le 30
prairial, l'independance du gouvernement. Cette constitution dont vous
parlez, tous les partis veulent la detruire. Ils sont tous venus me
faire confidence de leurs projets, et m'offrir de les seconder. Je
ne l'ai pas voulu; mais, s'il le faut, je nommerai les partis et les
hommes.--Nommez-les, s'ecrient alors les opposans, nommez-les, demandez
un comite secret." Une longue agitation succede a cette interruption.
Bonaparte reprend enfin la parole, et peignant de nouveau l'etat ou la
France est placee, engage les anciens a prendre des mesures qui puissent
la sauver. "Environne, dit-il, de mes freres d'armes, je saurai vous
seconder. J'en atteste ces braves grenadiers, dont j'apercois les
baionnettes, et que j'ai si souvent conduits a l'ennemi; j'en atteste
leur courage, nous vous aiderons a sauver la patrie. Et si quelque
orateur, ajoute Bonaparte d'une voix menacante, si quelque orateur, paye
par l'etranger, parlait de me mettre hors la loi, alors j'en appellerais
a mes compagnons d'armes. Songez que je marche accompagne du dieu de la
fortune et du dieu de la guerre."
Ces paroles audacieuses etaient un avis pour les cinq-cents. Les anciens
les accueillirent tres bien, et parurent ramenes par la presence du
general. Ils lui accorderent les honneurs de la seance.
Bonaparte, apres avoir rechauffe les anciens, songe a se rendre aux
cinq-cents, pour essayer de leur imposer. Ils s'avance suivi de quelques
grenadiers; il entre, mais il les laisse derriere lui au bout de la
salle. Il avait a parcourir la moitie de l'enceinte pour arriver a la
barre. A peine est-il arrive au milieu, que des cris furieux partent de
toutes parts. "Quoi, s'ecrient une foule de voix, des soldats ici! des
armes! Que veut-on?... A bas le dictateur! a bas le tyran!" Un grand
nombre de deputes s'elancent au milieu de la salle, entourent le
general, lui adressent les interpellations les plus vives! "Quoi! lui
dit-on, c'est pour cela que vous avez vaincu?... Tous vos lauriers sont
fletris... Votre gloire s'est changee en infamie. Respectez le temple
des lois. Sortez, sortez!" Bonaparte est confondu au milieu de la foule
qui le presse. Les grenadiers qu'il avait laisses a la porte, accourent,
repoussent les deputes, et le saisissent au milieu du corps. On dit que
dans ce tumulte, des grenadiers recurent des coups de poignard qui lui
etaient destines. Le grenadier Thome eut ses vetemens dechires. Il est
tres possible que, da
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