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imminent. Augereau, Jourdan, les patriotes influens, etaient a
Saint-Cloud, attendant le moment favorable pour ramener les troupes de
leur cote. Bonaparte et Sieyes arretent sur-le-champ qu'il faut agir, et
ramener a soi la masse flottante. Bonaparte se decide a se presenter aux
deux conseils a la tete de son etat-major. Il rencontre Augereau, qui
d'un ton railleur lui dit: "Vous voila dans une jolie position!--Les
affaires etaient en bien plus mauvais etat a Arcole," lui repond
Bonaparte; et il se rend a la barre des anciens. Il n'avait point
l'habitude des assemblees. Parler pour la premiere fois en public est
embarrassant, effrayant meme pour les esprits les plus fermes, et dans
les circonstances les plus ordinaires. Au milieu de pareils evenemens,
et pour un homme qui n'avait jamais paru a une tribune, ce devait etre
bien plus difficile encore. Bonaparte, fort emu, prend la parole,
et d'une voix entrecoupee, mais forte, dit aux anciens: "Citoyens
representans, vous n'etes point dans des circonstances ordinaires, mais
sur un volcan. Permettez-moi quelques explications. Vous avez cru
la republique en danger; vous avez transfere le corps legislatif a
Saint-Cloud; vous m'avez appele pour assurer l'execution de vos decrets;
je suis sorti de ma demeure pour vous obeir, et deja on nous abreuve
de calomnies, moi et mes compagnons d'armes: on parle d'un nouveau
Cromwell, d'un nouveau Cesar. Citoyens, si j'avais voulu d'un tel role,
il m'eut ete facile de le prendre au retour d'Italie, au moment du plus
beau triomphe, et lorsque l'armee et les partis m'invitaient a m'en
emparer. Je ne l'ai pas voulu alors, je ne le veux pas aujourd'hui.
Ce sont les dangers seuls de la patrie qui ont eveille mon zele et le
votre." Bonaparte fait ensuite, toujours d'une voix emue, le tableau de
la situation dangereuse de la republique, dechiree par tous les partis,
menacee d'une nouvelle guerre civile dans l'Ouest, et d'une invasion
vers le Midi. "Prevenons, ajoute-t-il, tant de maux; sauvons les deux
choses pour lesquelles nous avons fait tant de sacrifices, la liberte et
l'egalite...--Parlez donc aussi de la constitution!" s'ecrie le depute
Linglet. Cette interruption deconcerte un instant le general; mais
bientot il se remet; et d'une voix entrecoupee il repond: "De
constitution! vous n'en avez plus. C'est vous qui l'avez detruite, en
attentant, le 18 fructidor, a la representation nationale, en annulant,
le 22 floreal, les elections popul
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