vec le secours de
Fouche. Le directoire avait la faculte de suspendre les municipalites;
le ministre Fouche, agissant en sa qualite de ministre de la police,
comme s'il etait autorise par le directoire, suspendit les douze
municipalites de Paris, et leur enleva tout pouvoir. Il ne restait, par
ce moyen, aux patriotes, aucun point de ralliement, ni au directoire,
ni dans les douze communes qui avaient succede a la grande commune
d'autrefois. Fouche fit ensuite afficher des placards, pour inviter les
citoyens a l'ordre et au repos, et leur assurer qu'on travaillait dans
ce moment a sauver la republique de ses perils.
Ces mesures reussirent completement. L'autorite du general Bonaparte
fut reconnue partout, bien que le conseil des anciens n'eut pas agi
constitutionnellement en la lui conferant. Ce conseil, en effet, pouvait
bien ordonner la translation, mais ne pouvait pas nommer un chef supreme
de la force armee. Moreau se rendit au Luxembourg, et le bloqua avec
cinq cents hommes. Le commandant de la garde directoriale, Jube,
obeissant sur-le-champ aux ordres qu'il venait de recevoir, fit
monter sa troupe a cheval, et quitta le Luxembourg pour se rendre aux
Tuileries. Pendant ce temps, les trois directeurs, Moulins, Gohier
et Barras, etaient dans une cruelle perplexite. Moulins et Gohier,
s'apercevant enfin de la conjuration qui leur avait echappe, s'etaient
rendus dans l'appartement de Barras pour lui demander s'il voulait tenir
ferme avec eux, et former la majorite. Le voluptueux directeur etait
dans le bain, et apprenait a peine ce que Bonaparte faisait dans Paris.
"Cet homme, s'ecria-t-il avec une expression grossiere, nous a tous
trompes." Il promit de s'unir a ses collegues, car il promettait
toujours, et il envoya son secretaire Bottot aux Tuileries pour aller a
la decouverte. Mais a peine Gohier et Moulins l'eurent-ils quitte, qu'il
tomba dans les mains de Bruix et de M. de Talleyrand. Il n'etait pas
difficile de lui faire sentir l'impuissance a laquelle il etait reduit,
et on n'avait pas a craindre qu'il voulut succomber glorieusement en
defendant la constitution directoriale. On lui promit repos et fortune,
et il consentit a donner sa demission. On lui avait redige une lettre
qu'il signa, et que MM. de Talleyrand et Bruix se haterent de porter
a Bonaparte. Des cet instant, Gohier et Moulins firent pour parvenir
aupres de lui des efforts inutiles, et apprirent qu'il venait de se
demettre. Reduits a eux seuls, n'
|