s celle du Rhin. Mais cette route etait encore
plus affreuse que celle qu'il avait parcourue. Il s'y decida cependant,
et apres quatre jours d'efforts et de souffrances inouies, atteignit
Coire et le Rhin. De ses dix-huit mille hommes, il en avait a peine
sauve dix mille. Les cadavres de ses soldats remplissaient les Alpes. Ce
barbare, pretendu invincible, se retirait couvert de confusion et plein
de rage. En quinze jours, plus de vingt mille Russes et cinq a six mille
Autrichiens avaient succombe. Les armees pretes a nous envahir etaient
chassees de la Suisse et rejetees en Allemagne. La coalition etait
dissoute, car Suwarow, irrite contre les Autrichiens, ne voulait plus
servir avec eux. On peut dire que la France etait sauvee.
Gloire eternelle a Massena, qui venait d'executer l'une des plus belles
operations dont l'histoire de la guerre fasse mention, et qui nous avait
sauves dans un moment plus perilleux que celui de Valmy et de Fleurus!
Il faut admirer les batailles grandes par la conception ou le resultat
politique; mais il faut celebrer surtout celles qui sauvent. On doit
l'admiration aux unes et la reconnaissance aux autres. Zurich est le
plus beau fleuron de Massena; et il n'en existe pas de plus beau dans
aucune couronne militaire.
Pendant que ces evenemens si heureux se passaient en Suisse, la victoire
nous revenait en Hollande. Brune, faiblement presse par l'ennemi,
avait eu le temps de concentrer ses forces, et apres avoir battu les
Anglo-Russes a Kastrikum, les avait enfermes au Zip, et reduits a
capituler. Les conditions etaient l'evacuation de la Hollande, la
restitution de ce qui avait ete pris au Helder, et l'elargissement sans
echange de huit mille prisonniers. On aurait souhaite la restitution de
la flotte hollandaise; mais les Anglais s'y refusaient, et on craignait,
en rejetant la capitulation, le mal qu'ils pouvaient faire au pays.
Ainsi se termina cette memorable campagne de 1799. La republique, entree
trop tot en action, et commettant la faute de prendre l'offensive, sans
avoir auparavant concentre ses forces, avait ete battue a Stokach et
Magnano, et avait perdu ainsi par ces deux defaites l'Allemagne et
l'Italie. Massena reste seul en Suisse, formait un saillant dangereux
entre deux masses victorieuses. Il s'etait replie sur le Rhin, puis
sur la Limmat, et enfin sur l'Albis. La, il s'etait rendu inattaquable
durant quatre mois. Pendant ce temps, l'armee de Naples, tachant de se
reunir a l
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