r-dessus tout qu'il allat aux
frontieres, relever la gloire de nos armes, et rendre a la republique sa
premiere splendeur.
Les moderes ou politiques, gens craignant les fureurs des partis, et
surtout celles des jacobins, n'esperant plus rien d'une constitution
violee et usee, voulaient un changement, et souhaitaient qu'il se fit
sous les auspices d'un homme puissant. "Prenez le pouvoir, faites-nous
une constitution sage et moderee, et donnez-nous de la securite;"
tel etait le langage interieur qu'ils adressaient a Bonaparte. Ils
composaient le parti le plus nombreux en France. Il y entrait meme
beaucoup de patriotes compromis, qui, ayant peur pour la revolution,
voulaient en confier le salut a un homme puissant. Ils avaient la
majorite dans les anciens, une minorite assez forte dans les cinq-cents.
Ils avaient suivi jusqu'ici la plus grande renommee civile, celle de
Sieyes, et s'y etaient d'autant plus attaches que Sieyes avait ete plus
maltraite au Manege. Aujourd'hui ils devaient courir avec bien plus
d'empressement au-devant de Bonaparte, car c'etait la force qu'ils
cherchaient, et elle etait bien plus grande dans un general victorieux
que dans un publiciste, quelque illustre qu'il fut.
Les _pourris_ enfin etaient tous les fripons, tous les intrigans qui
cherchaient a faire fortune, qui s'etaient deshonores en la faisant, et
qui voulaient la faire encore au meme prix. Ils suivaient Barras et
le ministre de la police Fouche. Il y avait de tout parmi eux, des
jacobins, des moderes, des royalistes meme. Ce n'etait point un parti,
mais une coterie nombreuse.
Il ne faut pas, a la suite de cette enumeration, compter les partisans
de la royaute. Ils etaient trop annules depuis le 18 fructidor, et
d'ailleurs Bonaparte ne leur inspirait rien. Un tel homme ne pouvait
songer qu'a lui, et ne pouvait prendre le pouvoir pour le remettre a
d'autres. Ils se contentaient donc de faire nombre avec les ennemis du
directoire, et de l'accuser dans la langue de tous les partis.
Parmi ces differens partis, Bonaparte ne pouvait faire qu'un choix. Les
patriotes ne lui convenaient pas du tout. Les uns, attaches a ce qui
existait, se defiaient de son ambition; les autres voulaient un coup de
main, puis rien que des agitations interminables, et on ne pouvait rien
fonder avec eux. D'ailleurs ils etaient en sens contraire de la marche
du temps, et ils exhalaient leurs dernieres ardeurs. Les _pourris_
n'etaient rien, ils n'etaient quelque
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