munitions immenses. C'etait un grand siege a executer avec treize
mille hommes, et presque sans artillerie. Il fallait ouvrir un nouveau
puits de mine pour faire sauter la contrescarpe entiere, et commencer un
autre cheminement. On etait au 12 germinal (1er avril). Il y avait deja
dix jours d'employes devant la place; on annoncait l'approche de la
grande armee turque; il fallait poursuivre les travaux et couvrir le
siege, et tout cela avec la seule armee d'expedition. Le general en chef
ordonna qu'on travaillat sans relache a miner de nouveau, et detacha la
division Kleber vers le Jourdain pour en disputer le passage a l'armee
venant de Damas.
Cette armee, reunie aux peuplades des montagnes de Naplouse, s'elevait
a environ vingt-cinq mille hommes. Plus de douze mille cavaliers en
faisaient la force. Elle trainait un bagage immense. Abdallah, pacha de
Damas, en avait le commandement. Elle passa le Jourdan au pont d'Iacoub,
le 15 germinal (4 avril). Junot, avec l'avant-garde de Kleber, forte de
cinq cents hommes au plus, rencontra les avant-gardes turques sur la
route de Nazareth le 19 (8 avril). Loin de reculer, il brava hardiment
l'ennemi, et, forme en carre, couvrit le champ de bataille de morts, et
prit cinq drapeaux. Mais oblige de ceder au nombre, il se replia sur la
division Kleber. Celle-ci s'avancait, et hatait sa marche pour rejoindre
Junot. Bonaparte, instruit de la force de l'ennemi, se detacha avec la
division Bon, pour soutenir Kleber, et livrer une bataille decisive.
Djezzar, qui se concertait avec l'armee qui venait le debloquer, voulut
faire une sortie; mais, mitraille a outrance, il laissa nos ouvrages
couverts de ses morts; Bonaparte se mit aussitot en marche.
Kleber, avec sa division, avait debouche dans les plaines qui s'etendent
au pied du mont Thabor, non loin du village de Fouli. Il avait eu l'idee
de surprendre le camp turc pendant la nuit, mais il etait arrive trop
tard pour y reussir. Le 21 germinal (16 avril) au matin, il trouva
toute l'armee turque en bataille. Quinze mille fantassins occupaient le
village de Fouli, plus de douze mille cavaliers se deployaient dans la
plaine. Kleber avait a peine trois mille fantassins en carre. Toute
cette cavalerie s'ebranla et fondit sur nos carres. Jamais les Francais
n'avaient vu tant de cavaliers caracoler, charger, se mouvoir dans tous
les sens. Ils conserverent leur sang-froid accoutume, et les recevant a
bout portant par un feu terrible, ils en aba
|