borde les
deux mille Mamelucks; Murat les tourne; ils sont egalement sabres et
jetes dans la mer. Destaing et Lannes se portent ensuite vers le centre,
forme par un village, et l'attaquent de front. Les Turcs s'y defendent
bravement, comptant sur un secours de la seconde ligne. Une colonne, en
effet, se detache du camp d'Aboukir; mais Murat, qui a deja file sur le
derriere du village, sabre cette colonne, et la repousse dans Aboukir.
L'infanterie de Destaing et celle de Lannes entrent au pas de charge
dans le village, en chassent les Turcs, qu'on pousse dans toutes les
directions, et qui, s'obstinant toujours a ne pas se rendre, n'ont pour
retraite que la mer, ou ils se noient.
Deja quatre a cinq mille avaient peri de cette maniere; la premiere
ligne etait emportee; le but de Bonaparte etait rempli, et il pouvait,
resserrant les Turcs dans Aboukir, les bombarder, en attendant l'arrivee
de Kleber et de Regnier. Mais il veut profiter de son succes, et achever
sa victoire a l'instant meme. Apres avoir laisse reprendre haleine a ses
troupes, il marche sur la seconde ligne. La division Lanusse, restee
en reserve, appuie Lannes et Destaing. La redoute qui couvrait Aboukir
etait difficile a emporter; elle renfermait neuf a dix mille Turcs. Vers
la droite, un boyau la joignait a la mer; vers la gauche, un autre boyau
la prolongeait, mais sans joindre tout a fait le lac Madieh. L'espace
ouvert etait occupe par l'ennemi, et balaye par de nombreuses
canonnieres. Bonaparte, habitue a porter ses soldats sur les plus
formidables obstacles, les dirige sur la position ennemie. Ses divisions
d'infanterie marchent sur le front et la droite de la redoute. La
cavalerie, cachee dans un bois de palmiers, doit l'attaquer par la
gauche, et traverser, sous le feu des canonnieres, l'espace laisse
ouvert entre la redoute et le lac Madieh. La charge s'execute; Lannes et
Destaing poussent leur brave infanterie en avant; la 32e marche l'arme
au bras sur les retranchemens, la 18e les tourne par l'extreme droite.
L'ennemi, sans les attendre, s'avance a leur rencontre. On se joint
corps a corps. Les soldats turcs, apres avoir tire leur coup de fusil
et leurs deux coups de pistolet, font etinceler leur sabre. Ils veulent
saisir les baionnettes avec leurs mains; mais ils les recoivent dans
les flancs, avant d'avoir pu les saisir. On s'egorge ainsi sur les
retranchemens. Deja la 18e est pres d'arriver dans la redoute; mais un
feu terrible d'artillerie la
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