le. Le ministere de la justice
fut retire a Lambrechts, a cause de l'etat de sa sante, et donne a
Cambaceres. On placa a la police Bourguignon, ancien magistrat, patriote
sincere et honnete. Fouche, cet ex-jacobin, si souple, si insinuant, que
Barras avait interesse dans le trafic des compagnies, et pourvu ensuite
de l'ambassade a Milan, Fouche, destitue a cause de sa conduite en
Italie, passait aussi pour une victime de l'ancien directoire. Il devait
donc prendre part au triomphe decerne a toutes les victimes; il fut
envoye a La Haye.
Tels furent les principaux changemens apportes au personnel du
gouvernement et des armees. Ce n'etait pas tout que de changer les
hommes, il fallait leur fournir de nouveaux moyens de remplir la tache
sous laquelle leurs predecesseurs avaient succombe. Les patriotes,
revenant, suivant leur usage, aux moyens revolutionnaires, soutenaient
qu'il fallait aux grands maux les grands remedes. Ils proposaient
les mesures urgentes de 1793. Apres avoir tout refuse au precedent
directoire, on voulait tout donner au nouveau; on voulait mettre dans
ses mains des moyens extraordinaires, et l'obliger meme d'en user. La
commission des onze, formee des trois commissions des depenses, des
fonds et de la guerre, et chargee, pendant la crise de prairial,
d'aviser aux moyens de sauver la republique, confera avec les membres du
directoire, et arreta avec eux differentes mesures qui se ressentaient
de la disposition du moment. Au lieu de deux cent mille hommes, a
prendre sur les cinq classes de conscrits, le directoire put appeler
toutes les classes. Au lieu des impots proposes par l'ancien directoire,
et repousses avec tant d'acharnement par les deux oppositions, on
imagina encore un emprunt force. Conformement au systeme des patriotes,
il fut progressif, c'est-a-dire qu'au lieu de faire contribuer chacun
suivant la valeur de ses impots directs, ce qui procurait tout de suite
les roles de la contribution fonciere et personnelle pour base de
repartition, on obligea chacun de contribuer suivant sa fortune. Alors
il fallait recourir au jury taxateur, c'est-a-dire frapper les riches
par le moyen d'une commission. Le parti moyen combattit ce projet et dit
qu'il etait renouvele de la terreur, que la difficulte de la repartition
rendait encore cette mesure inefficace et nulle, comme les anciens
emprunts forces. Les patriotes repondirent qu'il fallait faire supporter
les frais de la guerre, non pas a toutes les class
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