ut pas voir dans la place les ressources
qu'elle presentait encore.
On etait en thermidor (milieu de juillet); plus d'un mois s'etait ecoule
depuis la resolution du 30 prairial et la nomination de Joubert. Moreau
sentait l'importance de prendre l'offensive avant la chute des places,
et de deboucher, avec l'armee reorganisee et renforcee, sur les
Austro-Russes disperses. Malheureusement il etait enchaine par les
ordres du gouvernement qui lui avait prescrit d'attendre Joubert. Ainsi,
dans cette malheureuse campagne, ce fut une suite d'ordres intempestifs
qui amena toujours nos revers. Le changement d'idees et de plans dans
les choses d'execution, et surtout a la guerre, est toujours funeste.
Si Moreau, auquel on aurait du donner le commandement des l'origine,
l'avait eu du moins depuis la journee de Cassano, et l'avait eu sans
partage, tout eut ete sauve; mais associe tantot a Macdonald, tantot a
Joubert, on l'empecha pour la seconde et troisieme fois de reparer nos
malheurs, et de relever l'honneur de nos armes.
Joubert, qu'on avait voulu, par un mariage et des caresses, attacher au
parti qui projetait une reorganisation, perdit un mois entier, celui de
messidor (juin et juillet), a celebrer ses noces, et manqua ainsi une
occasion decisive. On ne l'attacha pas reellement au parti dont on
voulait le faire l'appui, car il resta devoue aux patriotes, et on lui
fit perdre inutilement un temps precieux. Il partit en disant a sa jeune
epouse: _Tu me reverras mort ou victorieux._ Il emporta, en effet, la
resolution heroique de vaincre ou de mourir. Ce noble jeune homme, en
arrivant a l'armee dans le milieu de thermidor (premiers jours d'aout),
temoigna la plus grande deference au maitre consomme auquel on
l'appelait a succeder. Il le pria de rester aupres de lui pour lui
donner des conseils. Moreau, tout aussi genereux que le jeune general,
voulut bien assister a sa premiere bataille, et l'aider de ses conseils:
noble et touchante confraternite, qui honore les vertus de nos generaux
republicains, et qui appartient a un temps ou le zele patriotique
l'emportait encore sur l'ambition dans le coeur de nos guerriers!
L'armee francaise, composee des debris des armees de la Haute-Italie et
de Naples, des renforts arrives de l'interieur, s'elevait a quarante
mille hommes, parfaitement reorganises, et brulant de se mesurer de
nouveau avec l'ennemi. Rien n'egalait le patriotisme de ces soldats,
qui, toujours battus, n'etaient jamai
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