a emporter. Cependant
quarante mille hommes contre plus de soixante mille avaient un
desavantage immense. Suwarow resolut d'attaquer la position avec sa
violence accoutumee. Il porta Kray vers notre gauche avec les divisions
Ott et Bellegarde. Le corps russe de Derfelden, ayant en tete
l'avant-garde de Bagration, devait attaquer notre centre vers Novi.
Melas, demeure un peu en arriere avec le reste de l'armee, devait
assaillir notre droite. Par une combinaison singuliere, ou plutot par un
defaut de combinaison, les attaques devaient etre successives, et non
simultanees.
Le 28 thermidor (15 aout 1799), Kray commenca l'attaque a cinq heures du
matin. Bellegarde attaqua la division Grouchy a l'extreme gauche, et
Ott la division Lemoine. Ces deux divisions n'etant pas encore formees,
faillirent etre surprises et rompues. La resistance opiniatre de l'une
des demi-brigades obligea Kray a se jeter sur la 20e legere, qu'il
accabla en reunissant contre elle son principal effort. Deja ses troupes
prenaient pied sur le plateau, lorsque Joubert accourut au galop sur le
lieu du danger. Il n'etait plus temps de songer a la retraite, et il
fallait tout oser pour rejeter l'ennemi au bas du plateau. S'avancant
au milieu des tirailleurs pour les encourager, il recut une balle qui
l'atteignit pres du coeur, et l'etendit par terre. Presque expirant, le
jeune heros criait encore a ses soldats: _En avant, mes amis! en avant!_
Cet evenement pouvait jeter le desordre dans l'armee; mais heureusement
Moreau avait accompagne Joubert sur ce point. Il prit sur-le-champ le
commandement qui lui etait defere par la confiance generale, rallia les
soldats, bouillans de ressentiment, et les ramena sur les Autrichiens.
Les grenadiers de la 34e les chasserent a la baionnette, et les
precipiterent au bas de la colline. Malheureusement les Francais
n'avaient pas encore leur artillerie en batterie, et les Autrichiens, au
contraire, sillonnaient leurs rangs par une grele d'obus et de boulets.
Pendant cette action, Bellegarde tachait de tourner l'extreme gauche par
le ravin du Riasco, qui a deja ete designe comme donnant acces sur nos
derrieres. Deja il s'etait introduit assez avant, lorsque Perignon,
lui presentant a propos la reserve commandee par le general Clausel,
l'arreta dans sa marche. Perignon acheva de le culbuter dans la plaine,
en le faisant charger par les grenadiers de Partouneaux et par la
cavalerie de Richepanse. Ce coup de vigueur debarrassa
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